Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo se disputent le contrôle de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), acquise au premier. Un décret de Laurent Gbagbo a ordonné mercredi la réquisition de ses bureaux à Abidjan. Une décision à laquelle Alassane Ouattara a répondu en annonçant leur fermeture.
Le contrôle de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) est le théâtre d’une âpre bataille en Côte d’Ivoire.
Alassane Ouattara a annoncé mercredi la fermeture des agences ivoiriennes de la Banque ouest-africaine. Il réagit ainsi à la décision du président reconnu par le Conseil constitutionnel Laurent Gbagbo qui, le même jour, a ordonné par décret la réquisition des bureaux de la BCEAO après que la banque avait révoqué son accès aux comptes nationaux ce week-end. Ces développements surviennent après la démission forcée samedi du gouverneur ivoirien de la BCEAO, Philippe-Henry Dacoury-Tabley, proche de Laurent Gbagbo et accusé d’avoir autorisé le décaissement de quelque 60 milliards de francs CFA (91,5 millions d’euros) en faveur de son régime.
Difficile de dire si Alassane Ouattara est dans la capacité de faire respecter cette injonction. Les forces fidèles au président sortant, fortement armées, ont stationné toute la journée de mercredi devant les succursales. Une information confirmée par Jean-Baptiste M. P. Compaoré, le président par intérim de la BCEAO. « Le 26 janvier 2011, les locaux de la Banque Centrale ont été investis et le personnel qui s’y trouvait a été retenu pour effectuer différentes opérations relevant des missions dévolues à la Banque Centrale », a-t-il indiqué dans un communiqué.« La BCEAO proteste vigoureusement contre cette décision de réquisition ainsi que celle de nomination d’un Directeur national prises en violation flagrante des engagements internationaux pris par l’Etat de Côte d’Ivoire », a poursuivi le président par intérim de la Banque ouest-africaine. Face à cette situation, il a décidé que « pour l’heure, toutes les agences de la BCEAO installées sur le territoire de la Côte d’Ivoire sont fermées jusqu’à nouvel ordre ».
La BCEAO, une pièce clé
La BCEAO revêt une importance capitale dans le contrôle et la gestion de l’Etat ivoirien. Outre l’émission des signes monétaires dans les huit Etats membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine l’Ouest, elle a en charge la centralisation des réserves de devises de l’Union, la gestion de la politique monétaire des ses Etats membres, la tenue des comptes des Trésors des Etats de l’Union, et la définition de la loi bancaire applicable aux banques et aux établissements financiers. Elle est donc un élément clé de la guerre que se livrent actuellement Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo.
Une arme dont Ouattara fait largement usage. Son gouvernement a décidé lundi « de l’arrêt immédiat de toute exportation de café et de cacao » de Côte d’Ivoire, premier producteur et exportateur mondial de cacao, pour un mois.
Cette stratégie d’étouffement financier pratiquée par Ouattara a pour dessein de remettre directement en cause la capacité même du président sortant à gérer la Côte d’Ivoire. Ce dernier y parvient pour l’instant toujours. Les versements des pensions de retraite par le gouvernement Gbagbo ont pu avoir lieu mercredi, a-t-on appris de sources autorisées, avec un jour de retard.
La récente décision du camp Gbagbo de réquisitionner les bureaux de la BCEAO semble montrer que cette stratégie commence à porter ses fruits.
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