Le tambour parleur Djidji Ayôkwé, un symbole culturel et spirituel de Côte d’Ivoire, va bientôt retrouver sa terre d’origine. Cette restitution sera officialisée, ce lundi 18 novembre 2024, à Paris. Ce, à travers la signature d’une convention entre les ministres de la Culture française, Rachida Dati, et ivoirienne, Françoise Remarck. Cet acte met un terme à un processus diplomatique et patrimonial entamé il y a plus de trois ans.
Le Djidji Ayôkwé, littéralement traduit par « tambour qui parle », est un artefact sacré des Ebrié, un groupe ethnique ivoirien. Utilisé historiquement pour transmettre des messages à longue distance, ce tambour incarne un patrimoine immatériel et matériel unique. Enlevé pendant l’époque coloniale, il était conservé dans un musée en France, loin de ses racines culturelles et de ses fonctions originelles.
L’importance du Djidji Ayôkwé dans la culture Ebrié
La restitution de ce tambour s’inscrit dans un mouvement plus large de retour des biens culturels africains spoliés, un sujet devenu central dans les relations franco-africaines. En 2018, le rapport Savoy-Sarr, commandé par le président français Emmanuel Macron, avait recommandé la restitution de plusieurs objets d’art africain. Ce rapport avait suscité un débat intense sur la restitution du patrimoine colonial.
Pour la Côte d’Ivoire, ce retour est une victoire symbolique. Françoise Remarck a salué cet événement comme « une reconnaissance de l’histoire et de la dignité du peuple ivoirien ». La ministre ivoirienne a également rappelé l’importance du Djidji Ayôkwé dans la culture Ebrié, où il jouait un rôle dans la communication, la justice et les rituels.
Du côté français, Rachida Dati a souligné que cette restitution reflète une volonté de réparer les blessures du passé colonial. Elle a insisté sur l’importance du dialogue entre les deux pays pour gérer les questions patrimoniales de manière respectueuse et constructive. La cérémonie de signature de la convention sera suivie d’une exposition temporaire du Djidji Ayôkwé en France, avant son transfert à Abidjan.
Reconnaissance des droits culturels et historiques
Les autorités ivoiriennes prévoient de l’installer dans un musée spécialement dédié à la conservation et à la valorisation du patrimoine national. Le processus de restitution n’a pas été sans obstacles. Des questions liées à la propriété légale et à la conservation de l’objet ont retardé les négociations. Cependant, la pression des organisations culturelles et des défenseurs du patrimoine a contribué à faire avancer les discussions.
Ce retour est également une opportunité pour la Côte d’Ivoire de renforcer la sensibilisation de ses citoyens à leur patrimoine culturel. Les experts espèrent que cet événement inspirera des initiatives éducatives et culturelles autour des traditions ivoiriennes. Le cas du Djidji Ayôkwé relance également la question plus vaste des milliers d’objets africains encore détenus dans les musées occidentaux.
Pour de nombreux pays africains, chaque restitution est une étape vers la reconnaissance de leurs droits culturels et historiques. Avec la restitution du Djidji Ayôkwé, la Côte d’Ivoire célèbre un moment d’unité et de réaffirmation de son identité culturelle, tout en ouvrant un nouveau chapitre dans la gestion du patrimoine africain à l’échelle mondiale.