Le principale parti d’opposition ivoirien, le Front Populaire Ivoirien (FPI) a appelé, ce jeudi, à un boycott massif du recensement lancé lundi dernier par le gouvernement. Au cours d’une conférence de presse animée au quartier général de Laurent Gbagbo à Abidjan, le président du parti, Pascal Affi Nguessan, a estimé que les conditions sociales et matériels n’étaient pas réunis pour mener à bien ce dénombrement de la population ivoirienne.
« Le mot d’ordre va être relayé par l’ensemble de nos bases. Nous refusons ce recensement à sens unique qui est un recensement des vainqueurs» a expliqué Affi Nguessan, le président du Front Populaire Ivoirien (FPI), ce jeudi, au cours d’une conférence de presse au quartier général de Laurent Gbagbo à Attoban dans la commune de Cocody. La campagne de recensement a été lancée par le gouvernement ivoirien lundi dernier.
« Nous appelons la Côte d’Ivoire (…) à s’abstenir massivement »
Le président du FPI a martelé son message devant l’assistance : « nous appelons la Côte d’Ivoire, dans sa diversité ethnique, politique et même religieuse à s’abstenir massivement (…) ce mot d’ordre de boycott sera relayé sur toute l’étendue du territoire ». Il souhaite un report de l’opération au mois de novembre et se justifie, « d’ici-là nous aurons l’occasion de boucler le dialogue politique et engager la réconciliation nationale pour que nous soutenions tous le recensement ».
Le principal parti d’opposition dénonce des insuffisances dans l’organisation de ce recensement et notamment le fait que les 30 000 agents recenseurs n’ont pas achevé leur formation ainsi que le matériel vétuste utilisé pour effectuer ce dénombrement de la population.
La réconciliation nationale doit être la priorité du gouvernement ivoirien, pour l’opposition. Tant qu’elle ne sera pas achevé, rien ne sert de lancer des programmes de développement, « c’est construire sur du sable. Nous considérons qu’il n’aide pas son pays » a estimé Affi N’Guessan qui réclame une réforme de la Commission Dialogue Vérité et Réconciliation, qui est accusé de ne représenter que le camp du président de la République Alassane Ouattara.
« Il y a la justice des vainqueurs et l’injustice contre les vaincus »
« Il y a la justice des vainqueurs et l’injustice contre les vaincus. La facture sociale est soutenue par la facture politique. Le pouvoir continue de maintenir en prison la centaine de prisonniers politiques. Plusieurs dizaines de milliers d’ivoiriens sont contraints à l’exil » poursuit Pascal Affi Nguessan, alors que, ce jeudi, le gouvernement ivoirien a décidé de remettre Charles Blé Goudé, l’ancien chef des Jeunes Patriotes et proche de Laurent Gbagbo à la Cour Pénale Internationale (CPI).
La question de la nationalité est au coeur du conflit qui secoue la Côte d’Ivoire depuis plus de dix ans, notamment à travers le concept d’ivoirité, introduit par l’ex-président Henri Konan Bédié, qui définissait une identité ivoirienne. Ce concept a été utilité par les adversaires politiques de l’actuel président Alassane Ouattara pour l’exclure des campagnes présidentiels de 1995 et 2000, l’accusant d’être en réalité de nationalité burkinabè.
La dernier recensement datant de 1998 avait dénombré 16,3 millions d’ivoiriens. La population est estimé aujourd’hui à 6 ou 7 millions d’habitants en plus.