Côte d’Ivoire : l’armée ivoirienne reprend le camp militaire de Port-Bouët


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Téné Birahima Ouattara, ministre ivoirien de la Défense
Téné Birahima Ouattara, ministre ivoirien de la Défense

La France rétrocède, ce jeudi 20 février 2025, le camp militaire de Port-Bouët à l’armée ivoirienne. Une nouvelle étape s’ouvre ainsi dans les relations entre les deux pays dans un contexte où la présence militaire française est de plus en plus contestée sur le continent.

Ce jeudi marque une étape symbolique dans les relations franco-ivoiriennes avec la rétrocession officielle du camp militaire de Port-Bouët à l’armée ivoirienne. La cérémonie, qui se tiendra à Abidjan, verra la participation du ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, et de son homologue ivoirien, Téné Birahima Ouattara.

Jusqu’à présent, cette base militaire abritait le 43e Bataillon français d’infanterie de marine (BIMA). Rebaptisé en hommage au premier chef d’état-major de l’armée ivoirienne, le site portera désormais le nom de Général Thomas d’Aquin Ouattara.

Un transfert progressif

Le transfert du camp de 230 hectares, initié en avril 2023, a véritablement pris forme ces dernières semaines. Depuis le 20 janvier, un bataillon de 90 parachutistes ivoiriens s’y est installé, bénéficiant d’infrastructures modernes pour améliorer leurs entraînements. Le capitaine Fabrice Yoboué Kouamé, chef du détachement, souligne que ces installations permettent une préparation opérationnelle plus efficace.

Dans le cadre de cette transition, les derniers ajustements logistiques sont en cours, sous la supervision du lieutenant-colonel Roméo Koffi. Le départ total des troupes françaises est prévu d’ici l’été 2025. Une centaine de soldats français resteront temporairement pour encadrer les formations et assurer la transition opérationnelle.

Une coopération militaire repensée

Parallèlement à cette rétrocession, la France et la Côte d’Ivoire signeront de nouvelles conventions de coopération militaire, mettant l’accent sur la formation et les entraînements conjoints. Inaugurée en janvier, une académie militaire dédiée aux systèmes d’information et de communication permet désormais la formation locale des futurs commandants ivoiriens, réduisant ainsi la nécessité de formations à l’étranger.

Le colonel Ivert, commandant du détachement français inter-armées de Côte d’Ivoire, souligne que ces exercices en commun offrent une opportunité unique d’échange de compétences entre les deux armées. Un officier ivoirien appuie ces propos : « La Côte d’Ivoire gagne à conserver une expertise française. »

Une réorganisation stratégique pour la France

Cette rétrocession s’inscrit dans une dynamique plus large de révision du dispositif militaire français en Afrique, déjà observée au Gabon, au Tchad et bientôt au Sénégal. Face à une montée du souverainisme sur le continent, Paris adapte sa présence militaire en privilégiant un modèle de partenariat basé sur la coopération et la formation plutôt que sur une implantation permanente.

La fin de l’opération Barkhane et la fermeture de plusieurs bases traditionnelles permettent également à l’armée française de ne plus être impliquée automatiquement en cas de crise locale. Cette nouvelle approche traduit l’adaptation de la France à un contexte géopolitique marqué par des revendications de souveraineté accrues en Afrique.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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