Henri Poncet, Général de l’armée française et ancien chef de la Force Licorne, a été suspendu, ce lundi, par Michèle Alliot-Marie, ministre française de la Défense. Sanctionné en même temps que deux autres gradés, le Général Poncet aurait couvert, en mai 2004, le décès d’un Ivoirien survenu après son arrestation par les militaires de la Force Licorne.
Le ministre français de la défense suspend un de ses pontes. Le général Henri Poncet, ancien commandant de la Force Licorne, et deux autres gradés présents en Côte d’Ivoire au moment des faits, ont été suspendus, lundi, pour « manquements graves à la loi, aux règlements militaires et aux ordres ». Le général Poncet est soupçonné, avec le colonel Burgaud, chef de corps, et un sous officier membre de la Force Licorne, d’avoir couvert l’assassinat présumé d’un Ivoirien appréhendé par les soldats français pour agressions et viols multiples. Le 17 mai 2004, Mahé, un bandit recherché, est arrêté puis déclaré « mort de ses blessures » dans un communiqué militaire. Il aurait ouvert le feu sur un soldat. L’affaire est classée jusqu’au 11 octobre 2005, date à laquelle des informations indiquant une possible bavure militaire, alertent l’Etat Major des Armées et Michèle Alliot-Marie, ministre de la Défense. Désormais pour le ministère, « toutes les circonstances ne sont pas établies ».
Dans le doute, on suspend
Une source proche du dossier a déclaré à Afrik que ces nouvelles informations sont « remontées en interne par un canal autre que celui des comptes-rendus auxquels on se réfère habituellement dans l’armée ». Qui est ce « canal » ? Evasif sur la question, l’interlocuteur d’Afrik a admis que la source « devait être fiable ». La présomption d’innocence entrant en vigueur, la suspension est « une mesure conservatoire à caractère provisoire, comme le requiert l’article 44 du statut général des militaires ». En plus d’une action judiciaire, le ministre avait ordonné le 12 octobre une enquête de commandement. « Compte tenu de sa fonction, dans le cadre de son commandement, le Général Poncet devait théoriquement être au courant. »
D’une part, l’enquête est en cours, les personnes en cause sont suspendues de leurs hautes fonctions, mais sont considérées comme innocentes jusqu’à preuve du contraire. De l’autre, les sentences tombent déjà, le ministère sort énergiquement de sa réserve : « On n’informe pas de la réalité des faits, on crée une autre explication, on couvre ! », a déclaré Jean-François Bureau, porte-parole du ministère français de la Défense. « Il est vraisemblablement impossible que le patron de Licorne n’ait pas été au courant », a ajouté un Colonel de l’Armée de Terre.
Un Général quatre étoiles au pilori
« C’est une décision rarissime, à la hauteur de la gravité des faits ». Jean-François Bureau, n’exagère pas lorsqu’il évoque, face à la presse, la suspension du Général quatre étoiles. Henri Poncet n’est pas le premier venu. Loin de la confidentialité habituelle des milieux militaires, celui dont l’honneur est très publiquement remis en cause est un très haut serviteur de la Nation. Général de l’Armée française, depuis son retour juin dernier de Côte d’Ivoire, il était aux commandes de la région « Terre Sud-Ouest », l’une des quatre grandes zones de commandement de l’Armée de Terre en métropole. Décoré le 13 juillet par le Président Chirac après avoir acquis sa quatrième étoile, en Côte d’Ivoire, il a dirigé pendant un an les 4 000 soldats de la Force Licorne. Depuis février 2001, il était à la tête des opérations spéciales françaises. Poncet avait commandé la brigade multinationale Nord du Kossovo. En 1994, le Général était à la tête d’ Amarillys, l’opération d’évacuation des Français du Rwanda.
Selon différentes sources, il semblerait que la gestion de la crise ivoirienne par le Général Poncet ait déplu au ministère. Il lui était notamment reproché de faire de la rétention d’information.