L’économie ivoirienne recroquevillée sur elle-même. Le président sortant Laurent Gbagbo a pris lundi le contrôle de la filière du cacao qui était jusque là dominée par les multinationales. Face à la montée des violences à Abidjan et dans l’ouest du pays, l’ambassadeur d’Alassane Ouattara à Washington, a demandé le soutien des Etats-Unis.
Le bras de fer économique continue. Le président sortant Laurent Gbagbo a annoncé lundi que désormais l’Etat contrôlerait l’achat et l’exportation du cacao, dont le pays est le premier producteur mondial, alors que cette filière était jusque-là dominée par des multinationales. Une ordonnance lue hier sur la télévision publique RTI indiquait que « l’achat du café et du cacao aux producteurs et aux groupements de producteurs s’effectue exclusivement par l’Etat sur l’étendue du territoire national ».
Cette bataille économique n’est pas nouvelle entre les deux chefs d’Etat rivaux. Pour pousser Laurent Gbagbo au départ, Alassane Ouattara, le président reconnu par la communauté internationale avait ordonné fin janvier un embargo sur les exportations de cacao dans l’objectif de priver son adversaire d’importantes ressources. En effet, le café et le cacao représentent 40% des recettes d’exportations et environ 20% du produit intérieur brut du pays.
Obama débloque 12,6 millions pour les réfugiés
Face à la détérioration de la situation sécuritaire du pays ces derniers jours, l’ambassadeur d’Alassane Ouattara à Washington, Daouda Diabaté, a lancé lundi un appel à l’aide aux Etats-Unis, lors d’un débat sur la crise ivoirienne au Capitole. « Les Etats-Unis étant le temple de la démocratie, le modèle de la démocratie à travers le monde, nous voulons vous lancer un appel à travers le Congrès : aidez la Côte d’Ivoire et les ivoiriens », a-t-il déclaré. Il a également demandé un renforcement du mandat de la mission des Nations Unies (l’ONU), car selon lui, les troupes onusiennes actuellement présente dans le pays ne peuvent « opérer et être en phase avec la situation en Côte d’Ivoire».
Le président américain Barack Obama a débloqué 12,6 millions de dollars supplémentaires d’aide humanitaire pour les personnes réfugiées et déplacées en raison de l’insécurité grandissante dans le pays. « Ces fonds doivent permettre de répondre à des besoins urgents liés aux migrations ou aux réfugiés », a-t-il déclaré. Il est « important pour l’intérêt national » américain de prendre une telle mesure, a-t-il estimé dans un décret. Cette annonce est intervenue alors que depuis deux semaines le pays est en proie à de sanglants affrontements dans le quartier d’Abobo, à Abidjan, et dans l’ouest du pays entre les Forces de défense et de sécurité fidèles à Laurent Gbagbo et des pro-Ouattara. Le camps Gbagbo a notamment accusé les insurgés armés d’appartenir aux Forces Nouvelles (FN) alliées à Alassane Ouattara.
Les résidences des hommes politiques attaquées
Les personnalités influentes dans le pays ne sont pas épargnées par les violences. Plusieurs hommes politiques ont retrouvé ce week-end leurs résidences pillées et saccagées. Ainsi, Touré Ahmed Bouah, le directeur de Sophia Immobilier, qui vit dans la commune de Cocody, à Abidjan, a connu lundi ce sort. Ses fils jumeaux de 10 ans, Seydou et Alassane, ont disparu après le passage des visiteurs indésirables dont l’identité reste encore inconnue. Originaire du nord, il avait publiquement reconnu la victoire d’Alassane Ouattara. Le ministre Michel Amani Nguessan, proche de Laurent Gbagbo, a été victime d’une attaque du même type dans sa résidence de Bouaké, tombée aux mains des FN.
L’ONU craint désormais une résurgence de la guerre civile. Depuis le 28 novembre, plus de 370 personnes ont été tuées dans des violences, dont 50 la semaine dernière, et 200 000 auraient fui l’insécurité à Abidjan, selon l’organisation. Le panel des chefs d’Etats africains qui a pour mission de mettre un terme à la crise ivoirienne a invité samedi Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo à se joindre à sa prochaine réunion, qui se tiendra le 10 mars à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne. Seul Alassane Ouattara à accepter d’y participer, Laurent Gbagbo a quant à lui refusé cette proposition.
L’imbroglio politique est loin d’être résolu…