– Chacun de son côté, Alassane Ouattara et le président laurent Gbagbo ont célébré mardi la » réconciliation « . Avec en plus, de la part de chacun, un effort discret en direction de l’autre.
Le président ivoirien Laurent Gbagbo installait, lundi à Abidjan, le » Comité de médiation pour la réconciliation nationale « . Le lendemain à Dakar, le leader du Rassemblement des républicains (RDR), Alassane Dramane Ouattara (ADO), se prononçait pour cette » réconciliation nationale » auprès de son hôte, le président sénégalais Abdoulaye Wade.
Les deux rivaux Gbagbo et Ouattara, maîtres incontestés du débat politique ivoirien depuis la fin de la parenthèse Gueï, ont entériné ainsi l’incontestable accalmie que constatent les observateurs sur place. Pour les deux hommes, » le temps est venu de panser les plaies « , comme le soulignait mercredi le quotidien » Notre voie « .
A quelques semaines des législatives du 10 décembre, ADO a mis à profit sa liberté de mouvement toute neuve (son interdiction de sortir de Côte d’Ivoire a été levée le 16 novembre) pour rendre visite successivement à Gnassingbé Eyadema, président du Togo, puis à Abdoulaye Wade à Dakar. En mai dernier, tandis que la junte écartait le RDR du pouvoir, Me Wade avait formulé des propositions en vue de préserver le compromis politique, et Ouattara a voulu lui témoigner mardi sa » reconnaissance « . Il en a profité pour marteler l’attachement du RDR à » la paix et la réconciliation nationale « .
ADO glissait enfin, évoquant l’enquête en cours sur le massacre de 150 personnes à Abidjan au lendemain de l’élection présidentielle, sa conviction que » la police et l’armée sont républicaines en général « . Clin d’oeil à Laurent Gbagbo ?
Inch’Allah
La veille, le président ivoirien avait fait montre d’ouverture d’esprit dans son discours d’installation du » Comité de médiation pour la réconciliation nationale « . Il avait notamment déclaré que » des amis peuvent comprendre les raisons d’un conflit de l’extérieur et aider à la résoudre. C’est pourquoi nous sommes ouverts à toutes les médiations, d’où qu’elles viennent « . Ces mots ont été prononcés alors que Laurent Gbagbo n’ignorait rien du voyage d’ADO au Togo et au Sénégal.
Tout aussi significative a été la référence, dans le même discours, à l’islam et à la Ijtihad, » le temps de l’interprétation, le temps de l’échange fécond par où la sagesse divine irrigue et vivifie notre humaine condition « .
Après des années de crise politique et des mois de drame en Côte d’Ivoire, les législatives du 10 décembre semblent, pour l’heure, bénéficier d’un climat apaisé. Inch’Allah.