
En Côte d’Ivoire, le Parti des peuples africains (PPA-CI) de Laurent Gbagbo a annoncé ce 11 avril 2025 la suspension de la participation de son représentant à la Commission électorale indépendante (CEI). Une décision lourde de conséquences, prise à six mois d’une élection présidentielle déjà sous haute tension.
Dans un contexte marqué par des accusations de partialité, Gbagbo dénonce un processus électoral biaisé et appelle à un dialogue politique sincère.
Un retrait symbolique, quatorze ans après la chute de Gbagbo
La date du 11 avril n’a rien d’anodin. Il y a exactement quatorze ans, l’ancien président Laurent Gbagbo était renversé à la suite d’une violente crise post-électorale. Ce même jour, il a choisi d’adresser un message fort : le retrait de son parti de la CEI. Il dénonce une institution devenue, selon lui, « l’instrument docile d’un pouvoir » accroché à son autorité. Par cette suspension, le PPA-CI, intégré à la CEI depuis février 2023, marque son refus de cautionner un système qu’il juge désormais illégitime.
Une CEI accusée de violer ses propres règles
Dans le communiqué publié, Laurent Gbagbo fustige une CEI qui « viole ses propres textes pour satisfaire les intérêts du pouvoir« . L’ancien chef d’État pointe notamment l’exclusion de certains opposants de la course présidentielle, dont lui-même, radié de la liste électorale depuis 2020. Le PPA-CI accuse l’institution de refuser l’audit d’un fichier électoral qu’il juge « gangrené par des irrégularités massives ». Le parti affirme même que six millions d’électeurs sur huit seraient inscrits de manière irrégulière.
Un appel à un dialogue politique pour éviter la crise
Loin de se contenter de cette suspension, Gbagbo appelle à « un dialogue politique sincère » entre pouvoir, opposition et société civile. Il estime que seule une réforme en profondeur de la CEI pourrait restaurer la confiance. Elle pourrait également garantir des élections « crédibles, inclusives et apaisées« . Pour le PPA-CI, l’heure est grave : la montée de la tension politique est palpable, et le maintien de l’ordre électoral actuel mènerait droit à une nouvelle impasse nationale.
Vers une recomposition du paysage électoral ?
Alors que les autres partis, notamment le RHDP au pouvoir et le PDCI, continuent de siéger au sein de la CEI, le retrait du PPA-CI soulève la question de la crédibilité du processus électoral à venir. Si d’autres formations suivaient la voie tracée par Gbagbo, la légitimité de la CEI et du scrutin présidentiel d’octobre prochain pourrait se retrouver sérieusement compromise.
Dans un pays marqué par les séquelles des crises passées, la suspension du PPA-CI sonne comme un signal d’alarme. À six mois d’une élection décisive, l’opposition met la pression sur le régime pour redéfinir les règles du jeu démocratique. Reste à savoir si le pouvoir acceptera d’ouvrir la porte à une recomposition consensuelle de l’arène électorale.