Explosion de joie. Voilà ce à quoi on assiste dans le camp des partisans du Président Laurent Gbagbo après le verdict prononcé par la Cour pénale internationale, ce mercredi. Tout le monde ne partage toutefois pas cet enthousiasme.
Ils attendaient ce verdict depuis plusieurs mois. L’acquittement de l’ancien Président ivoirien, Laurent Gbagbo, et son proche collaborateur, Charles Blé Goudé, a été accueilli, ce mercredi, avec de grandes explosions de joie à Yopougon, bastion de l’opposition au régime Ouattara, ainsi qu’à Cocody Angré où se trouve le siège du COJEP, le parti de Blé Goudé.
Pour Augustin Dia Houphouët, député élu à Yopougon sur la liste PDCI-EDS aux côtés de Michel Gbagbo lors des dernières Législatives, la décision que viennent de rendre les juges d’appel de la CPI mérite d’être célébrée. « Nous allons fêter cette décision des juges d’appel à Yopougon. Maintenant que Gbagbo et Blé Goudé sont libres, il faut que les autorités fassent en sorte qu’ils puissent regagner leur pays », a-t-il déclaré.
De son côté, le responsable des jeunes du FPI pro-Gbagbo à Yopougon, Ikpo Ladji, se réjouit de la décision de la CPI tout en appelant l’institution à ne pas s’arrêter en si bon chemin, mais à poursuivre les investigations en vue de débusquer et de sanctionner les vrais coupables des atrocités commises en Côte d’Ivoire en 2010-2011. Par la voix de son premier vice-président, le COJEP s’est également prononcé sur le verdict de ce mercredi. « On les a accusés de tout, aujourd’hui, les deux hommes sont libres. Le père et le fils doivent impérativement regagner leur pays pour s’impliquer dans le processus de la réconciliation », a laissé entendre Roselin Bly.
C’est déjà sur place à La Haye, devant le tribunal même, que la joie des militants venus suivre le verdict de plus près a d’abord explosé. Parmi eux, Prisca Digbeu, qui a voyagé depuis la France, rien que pour la circonstance. Elle se confie à Jeune Afrique : « Nous y sommes enfin. En 2011, nous étions en pleurs quand Laurent Gbagbo est entré à la CPI, car on ne savait pas quand il allait en ressortir. Dix ans plus tard, nous sommes heureux et émus. L’heure est venue pour lui de rentrer en Côte d’Ivoire pour participer à la réconciliation nationale ».
À chaud, l’avocat de Laurent Gbagbo, Me Emmanuel Altit, s’est également confié à la presse : « Dix ans, presque jour pour jour, après le début de cette procédure, cette décision est la victoire de la justice, mais aussi la victoire d’un homme, celle du Président Laurent Gbagbo, injustement accusé et qui voit aujourd’hui son innocence pleinement reconnue. Ce 31 mars restera aussi comme une date importante pour la Côte d’Ivoire, car cette décision va dans le sens de la réconciliation nationale ».
La décision de la CPI n’est toutefois pas source de satisfaction pour tout le monde. Jim Wormington, chercheur spécialiste de l’Afrique à Human Rights Watch estime pour sa part que l’acquittement prononcé par les juges d’appel ce jour ne signifie pas que « durant la crise post-électorale, il n’y a pas eu de crimes affreux commis. Trois mille personnes, au moins, tuées, les violences sexuelles, les personnes brûlées vives dans la rue… Et les camps Gbagbo et Ouattara en sont responsables. Laurent Gbagbo était à cette époque Président de la Côte d’Ivoire – au moins avant les élections – il était aussi le commandant des forces de défense et de sécurité, qui étaient les auteurs d’une grande partie de ces crimes. Donc il a sa part de responsabilité ».
Pour l’instant, aucune réaction du côté des autorités ivoiriennes ou encore des responsables de l’autre aile du FPI, en l’occurrence l’ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo, Pascal Affi N’Guessan.