Il ne reste plus que sept candidats en Côte d’ivoire sur les 10 qui étaient en lice au début de la campagne électorale, ce dimanche 25 octobre, jour du premier tour de l’élection présidentielle ivoirienne.
De notre envoyé spécial à Abidjan,
Il reste sept candidats en lice lors de cette élection présidentielle de ce dimanche 25 octobre 2015 en Côte d’Ivoire. Le Président sortant Alassane Ouattara a appelé à un « coup KO » dès le premier tour du scrutin. Pascal Affi N’Guessan est l’opposant le plus crédible tandis que trois candidats se sont retirés. Konan Kouadio Bertin, le « jeune du PDCI », et quatre autres candidats, parfois peu connus, sont aussi en course.
Kacou Gnango (indépendant)
Celui qui est apparu à l’émission phare de cette élection, « Face aux électeur » sur la Rti 1, la chaîne publique ivoirienne, en habit traditionnel, en pagne. Nationaliste, proche des idées de Laurent Gbagbo, ce professeur d’économie a tenté de mobiliser par un discours en faveur des jeunes en voulant se baser sur un programme économique d’investissement. Il n’a été que très peu suivi pendant cette campagne électorale et ne disposait pas d’un budget important malgré les 100 millions de Franc Cfa que le pouvoir a débloqué pour chaque candidat.
Kouadio Konan Bertin, dit KKB (indépendant)
Le « jeune du PDCI » a maintenant 47 ans. Il est le seul qui a maintenu sa candidature parmi les trois dissidents de l’ancien parti unique, au départ de cette course à la Présidentielle. Il a dénoncé les pressions qu’ont subit ses équipes lorsqu’elles ont tenté de faire campagne dans le nord du pays où ses affiches ont été arrachées. Il pourrait apparaître comme un candidat légitime à la succession d’Henri Konan Bédié, le chef du Parti démocratique de Côte d’Ivoire, le PDCI, allié dès le premier tour du scrutin à Alassane Ouattara, face à Charles Konan Banny et Essy Amara notamment. Alors que les rumeurs sur son retrait de l’élection se multipliaient après celui de Charles Konan Banny, il a dû réaffirmer le maintien de sa candidature, samedi soir, au cours d’une conférence de presse.
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Kouadio Konan Siméon, dit KKS (indépendant)
Il est le seul à avoir refusé de prendre les 100 millions de Fcfa que le pouvoir avait annoncé débloquer pour financer la campagne électorale de chaque candidat.« Il a voulu se positionner en candidat honnête qui veut préserver l’argent publique. Il a voulu se présenter comme le candidat de la neutralité et de l’impartialité », indique ses partisans.
Kouangoua Jacqueline Claire (indépendant)
La seule candidate dont le spot de cinq minutes n’a pas été diffusé à la télévision publique ivoirienne le jour de la clôture de la campagne électorale, le vendredi dernier à 20h. Elle a été quasiment invisible dans les rues de la capitale économique, Abidjan, et n’a que très faiblement mobilisé par un discours sur l’entrepreneuriat et la place des femmes. Lors de l’émission « Face aux électeurs », face à trois journalistes, elle n’a pas réussi à convaincre sur la crédibilité de sa candidature. A 44 ans, elle est la plus jeune candidate en course.
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Henriette Adjao Lagou (RPC)
Cette ancienne membre du PDCI, puis ministre de la Famille, de la Femme et de l’Enfant sous Laurent Gbagbo, est candidate pour le parti du Renouveau pour la paix et la concorde (RPC). Voulant s’inscrire dans les pas de l’ex-Président en faisant des propositions sociales aux Ivoiriens, elle a voulu se positionner en tant que femme dans la course à la Présidentielle et incarner un « réel changement ». Elle n’a également que peu mobilisé la population.
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Pascal Affi N’Guessan (FPI)
« Le FPI est un parti de lutte. Il faut réussir à prendre le pouvoir et à s’imposer », explique Konaté Navigué. Le candidat a cherché à convaincre que le dialogue avec le pouvoir d’Alassane Ouattara était la seule voie du changement, malgré le maintien en détention de l’ex-Président Laurent Gbagbo. La mobilisation a été difficile malgré le fait que Pascal Affi N’Guessan soit le seul candidat à avoir tenu un meeting dans la ville de Korhogo, un fief de l’ancienne rébellion acquise à Alassane Ouattara. Il a pu profiter du vaste réseau de militants du parti créé par Laurent Gbagbo pour financer sa campagne et tenir de nombreux rassemblements. Une partie du FPI tendance « Gbagbo ou rien » et des militants du parti ont vu, dans sa volonté de dialogue avec le pouvoir, une trahison aux dépens de l’ancien Président. « Il sort de prison depuis peu (en 2013). Il est encore sous la pression de la justice ivoirienne et doit faire très attention », décrypte un observateur de la politique en Côte d’Ivoire.
Alassane Ouattara (RHDP)
Le futur vainqueur de cette élection présidentielle. Il devrait entamer son deuxième mandat à la tête de la Côte d’Ivoire, après le scrutin de 2010 qui avait débouché sur une crise post-électorale. Près de 3 000 personnes avaient été tuées. Bénéficiant d’une image largement favorable aux yeux des organisations financières internationales qu’il connaît particulièrement bien pour y avoir travaillé, il a voulu se positionner en Président « bâtisseur ». avec la construction notamment du troisième pont d’Abidjan, de l’autoroute de Yamoussoukro, il a réussi à redonner confiance aux investisseurs et à certains Ivoiriens, dans la paix et dans le développement, après la crise. Une large partie de la population reste à l’écart de cette richesse créée. La plupart des opposants ont argumenté en soutenant que les Ivoiriens ne se nourrissent pas de ponts. Largement sur-médiatisé, omniprésent dans les médias et dans la rue, depuis le début de la campagne électorale, et même avant, ADO, comme l’appellent les Ivoiriens, s’est battu pour que le taux de participation à l’élection soit élevé, son seul réel adversaire.
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Ceux qui se sont retirés
Le candidat indépendant Charles Konan Banny s’est retiré, vendredi dernier, prenant la suite de Mamadou Koulibaly du LIDER et d’Essy Amara, également candidat indépendant, par ailleurs membre du PDCI. Ils n’ont cessé de dénoncer les fraudes et la mascarade électorale à l’œuvre. Ils ont appelé au boycott de l’élection présidentielle. Mamadou Koulibaly s’est fait remarquer également pour avoir indiqué qu’il avait pris les 100 millions de Fcfa dévolu aux candidats, malgré son désistement. Il a justifié que cette argent lui permettait de se payer lui-même ses salaires manquant quand il était président de l’Assemblée nationale. Charles Konan Banny n’a eu de cesse de dénoncer la présence de doublons, c’est à dire d’électeurs inscrits deux fois sur la liste électorale afin de pouvoir voter deux fois, de façon frauduleuse, au profit du Président sortant.