Après avoir vécu 22 ans en France, Edyeh Anouman Kacou décide de rentrer en Côte d’Ivoire avec ses quatre enfants et d’y entreprendre. Elle a remporté le prix de la meilleure PME de la Diaspora pour son entreprise My Adress, un espace de coworking dédié aux entrepreneurs. Portrait d’une cheffe d’entreprise qui réussit tout ce qu’elle entreprend.
Edyeh Anouman Kacou a réussi son pari de rentrer en Côte d’Ivoire pour y entreprendre après 22 ans passés en France. Elle est aujourd’hui à la tête de plusieurs entreprises à Abidjan : l’agence Maci, ou encore l’espace de co-working, My Adress. C’est d’ailleurs la création de cet espace de coworking qui l’a motivé à rentrer dans son pays d’origine pour contribuer à son développement économique et soutenir les entrepreneurs. Pas étonnant donc qu’elle ait remporté le prix de la meilleure entreprise de la Diaspora, à la deuxième édition du Gala des PME (petites et moyennes entreprises), le 10 juin dernier, à Abidjan.
Lorsqu’elle a une idée en tête, plus rien ne l’arrête. Surtout en matière d’entrepreneuriat. Après avoir vécu une vingtaine d’années en France, elle décide de rentrer, en 2019, en Côte d’Ivoire, où elle gère désormais quatre entreprises.
- Maci, première agence, spécialisée dans le recrutement la formation et le placement, un espace de co-working
- My Adress, pour soutenir les entreprises et associations dans leur création et leur développement
- Meli melo, une boutique d’épicerie bazar buvette
- My Syndic pro, une agence immobilière qu’elle a cofondée avec sa cousine et un ami, spécialisée dans la gestion de syndic de copropriété.
Une enfant plutôt calme et très observatrice
Participer à l’essor de la Côte d’Ivoire et lutter contre le chômage des jeunes sont ses principaux objectifs. Il faut dire qu’elle a eu, dès son plus jeune âge, le sens des responsabilités et est connue comme étant une élève studieuse et discrète.
Née à Grand Bassam, le 6 décembre 1982, d’un père informaticien et d’une mère assistante de direction au cabinet du ministre du Commerce, résidant dans la commune de Cocody, elle effectue une grande partie de sa scolarité dans les établissements catholiques.
Elle entame ses études primaires à l’école Notre Dame du plateau, puis au prestigieux Lycée Sainte Marie de Cocody, l’un des établissements d’excellence du pays. « La religion catholique fait partie de mon éducation. J’ai été jeannette (scout féminin), ensuite guide, choriste et soliste au sein d’une chorale de jeunes de ma paroisse », raconte Edyeh. « J’étais une enfant plutôt calme et très observatrice mais qui ne manquait pas d’exprimer son point de vue ou désaccord lorsqu’il le fallait », se remémore-t-elle, soulignant qu’elle n’hésitait pas à dire des vérités crues, même aux personnes plus âgées, qui n’apprécient pas toujours sa franchise.
D’excellents moments partagés avec ses sœurs
En 1997, en classe de troisième, elle s’envole pour la France où elle rejoint ses sœurs pour poursuivre ses études et emménage avec sa sœur cadette, à Levallois-Perret, dans le département du 92. « Dès mon arrivée, j’apprends à être complètement autonome et à tout gérer seule, le ménage, la cuisine, la gestion du budget, et de l’argent de poche. Sans compter que j’avais une responsabilité totale au niveau des cours et des devoirs scolaires », explique Edyeh. La jeune adolescente partage d’excellents moments avec ses sœurs, qu’elle apprend à connaître. Elle s’adapte aussi rapidement à son nouvel environnement et apprécie particulièrement sa liberté.
« J’ai eu, à ce moment, mes années d’adolescente et de jeune femme fêtarde. J’ai vécu et bien vécu », affirme-t-elle. Toutefois, cette liberté ne la dévie pas de ses objectifs professionnels. « Malgré tout, je me connaissais déjà très bien et je savais ce que je voulais faire dans la vie car lors d’un stage de découverte en classe de troisième, j’ai testé le métier d’assistante que j’ai adoré et je me suis dirigé vers cette fonction », précise-t-elle. Après la terminale, elle devient maman pour la première fois, après avoir rencontré le père de ses enfants. En 2002, elle intègre le monde professionnel tout en gérant sa vie de mère.
Quatre enfants et une vie professionnelle chargée à gérer !
« C’est ainsi que je commence ma carrière de secrétaire. Avec notre premier enfant nous emménageons ensemble afin de mieux nous en occuper et construire notre vie de famille. Puis nous avons eu deux, trois et quatre enfants, avec tous les hauts et bas qu’un jeune couple pourrait rencontrer. Nous redoublons d’efforts pour subvenir à leurs besoins et leur donner la meilleure éducation possible », confie Edyeh, qui évolue dans le métier d’assistante de direction pendant une dizaine d’années, dans différentes entreprises et secteurs d’activités.
Estimant avoir acquis de solides bases de cette profession auprès de ses employeurs, elle décide de se lancer dans l’entrepreneuriat et créer KIM&JUNE, entreprise spécialisée dans l’organisation des ventes privées au Gabon, précisément à Libreville et qui devient, en 2017, le premier cabinet de shopping parisien. Ce cabinet réunit en son sein toutes les activités liées au shopping (e-commerce, personal shopper, ventes privées thématiques, conseil en image et coaching de candidats aux élections de miss et mister de la diaspora). Elle se positionne comme la première entreprise spécialisée dans l’approvisionnement sur mesure de la garde-robe.
Une cheffe d’entreprise qui milite pour la cause féminine et la jeunesse
En plus d’être entrepreneure, Edyeh est également une fervente militante de la cause féminine car, de 2015 à 2019, elle a été secrétaire général de l’Association Femme Africaine et Pouvoir au sein de la maison mère à Paris, tout en coordonnant, en 2018, les activités de l’ONG Rêve d’Ivoire, basée à Paris. La cheffe d’entreprise qui veut mettre sa pierre à l’édifice pour contribuer au développement de son pays d’origine décide donc de s’envoler, en 2019, pour s’installer en Côte d’Ivoire, en vue de transmettre, entreprendre et créer des emplois à travers les entreprises qu’elle dirige.
L’entrepreneure s’intéresse particulièrement aux problématiques de la jeunesse de son pays, engluée dans le chômage de masse, mais aussi à l’éducation et à l’orientation professionnelle. Elle est d’ailleurs à l’initiative, en Côte-d’Ivoire, du concept « Parlons Avenir, Parlons Métier », qui a vu le jour en 2020. Cette plateforme de rencontre, qui permet des synergies entre élèves, professionnels, parents et spécialistes, aborde les problématiques de l’orientation et de la reconversion professionnelle. Et la cheffe d’entreprise qui fourmille d’idées et de projets ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.
Lire : Côte d’Ivoire : Nanguin Coulibaly, l’entrepreneur né