Côte d’Ivoire : deux présidents, deux premiers ministres


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Gilbert N’gbo Aké

La médiation de Thabo Mbeki, envoyé par l’Union Africaine, n’avait donné ce lundi aucun résultat. Et la Côte d’Ivoire s’enfonce un peu plus dans l’impasse institutionnelle. Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo ont tous deux nommé leur Premier ministre, respectivement Guillaume Soro et Gilbert Marie N’gbo Aké. Les frontières ont été rouvertes et le couvre-feu maintenu jusqu’au 13 décembre. La communauté internationale a invité dans sa grande majorité Laurent Gbagbo à accepter la victoire d’Alassane Ouattara. La situation demeure tendue dans le pays.

Guillaume SoroLa Côte d’Ivoire avait samedi deux présidents, elle s’est réveillée lundi avec deux premiers ministres. Quelques heures après la présentation du gouvernement dirigé par Guillaume Soro, reconduit samedi au poste de Premier ministre par Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo, a nommé dimanche soir l’universitaire Gilbert Marie N’gbo Aké au poste de Premier ministre.

Gilbert N’gbo AkéDans le même temps, la médiation de l’ancien président sud-africain Thabo Mbeki, envoyé de l’Union Africaine, se poursuit. A l’issue de ses entretiens effectués le jour de son arrivée en Côte d’Ivoire, dimanche, avec les deux prétendants au fauteuil présidentiel, ce dernier a jugé la situation « très grave ». La précédente médiation de Thabo Mbeki en Côte d’Ivoire (de 2004 à 2006) s’était soldée par un échec. L’ancien président sud-africain avait arraché un accord proclamant la « fin des hostilités » entre les « Forces nouvelles » et l’armée régulière, qui était resté lettre morte. Accusé par les rebelles du Nord d’être un « partisan acharné » de Laurent Gbagbo, il s’était vu retirer le dossier en octobre 2006.

Le pas en avant de Ouattara

Le bal des réactions et prises de positions de la communauté internationale continue. L’assemblée paritaire de l’Union européenne et du Groupe des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), a refusé lundi de reconnaître la réélection de Laurent Gbagbo, proclamé vendredi vainqueur de la présidentielle avec 51,45% des suffrages par le Conseil constitutionnel. L’Union Africaine, les Nations-unies, les Etats-Unis et la France avaient, tour à tour, apporté leur soutien à Alassane Ouattara, donné gagnant par la Commission électorale indépendante (CEI) avec 54 % de voix. Aujourd’hui, le président français Nicolas Sarkozy a de nouveau invité Laurent Gbagbo à quitter le pouvoir.

Fort de ce soutien unanime de la communauté internationale, Alassane Ouattara, a semblé faire un pas vers Laurent Gbagbo. Par la voix de son nouveau Premier ministre, il s’est à nouveau dit prêt à intégrer des ministres du camp Gbagbo. « Si Laurent Gbagbo accepte tranquillement de partir du pouvoir, les ministres de son parti seraient les bienvenus dans ce gouvernement que nous entendons diriger », a déclaré lundi l’ex-chef des rebelles, Guillaume Soro, assurant qu’il n’y aurait « pas de chasse aux sorcières ».« (Alassane Ouattara) est prêt à lui conserver ses avantages d’ancien chef d’Etat s’il accepte de partir du pouvoir pacifiquement », a-t-il ajouté, précisant que lui-même garderait le portefeuille de la Défense. Le bras droit d’Alassane Ouattara s’est également positionné contre une possible partition du pays

Si pour le moment le bain de sang attendu par toute la communauté internationale n’a pas eu lieu, cette impasse institutionnelle pourrait rapidement avoir de désastreuses conséquences économiques. La Banque mondiale et la Banque africaine de développement (Bad) ont indiqué dimanche qu’elles s’interrogeaient sur l’opportunité de continuer à aider la Côte d’Ivoire, face à la crise politique qui agite le pays. L’Union européenne s’est elle dit prête lundi à envisager des « sanctions ».

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