Deux cadres français de Trafigura Beheer BV ont été écroués, lundi à Abidjan, dans le cadre de l’affaire des déchets toxiques déversés dans la capitale ivoirienne. Claude Dauphin et Jean-Pierre Valentini sont accusés d’infraction à la législation et d’empoisonnement.
La valse des arrestations continue. Après les huit personnes arrêtées et quatre haut responsables suspendus dans l’affaire des déchets toxiques d’Abidjan, deux Français viennent de tomber dans les mailles de la justice ivoirienne. Claude Dauphin et Jean-Pierre Valentini sont écroués depuis lundi à la Maison d’arrête et de correction d’Abidjan. Accusés d’« infraction à la législation sur les déchets toxiques et empoisonnement », ils sont respectivement directeur de Trafigura Beheer BV et responsable pour l’Afrique de l’Ouest de cette société hollandaise. La même compagnie, spécialisée en hydrocarbures et en métaux, qui avait affrété le navire grec Probo Koala dont 500 tonnes d’eaux polluées ont été déversées dans une dizaine de zones de la capitale.
Bientôt une enquête sur Trafigura Beheer BV ?
Le binôme a été interpellé, samedi à l’aéroport d’Abidjan, alors qu’il s’apprêtait à prendre un vol en direction de Paris. Leurs passeports ont été confisqués et ils ont été interrogés par la police judiciaire, qui les a ensuite envoyés chez le procureur de la République. Lundi, la police judiciaire a tranché en faveur de leur placement en détention. A Trafigura Beheer BV, on se déclare « choqué » par la nouvelle. Un communiqué explique que ses deux cadres « appartiennent à un groupe d’experts travaillant à Abidjan depuis ces dernières semaines afin d’apporter leur soutien aux autorités » ivoiriennes. L’entreprise ajoute qu’ils étaient par ailleurs entendus en qualité de témoin. Une information que le commissaire de police a refusé de confirmer, d’après le site de la radio britannique BBC.
Au final, trois membres de la société sont inquiétés. En plus de Claude Dauphin et Jean-Pierre Valentini, le responsable de sa filiale locale Puma Energy a également été interpellé. Trafigura Beheer BV pourrait être encore éclaboussée dans les prochains jours. Une enquête pourrait s’ouvrir contre elle « d’ici la fin de la semaine », selon les propos du quotidien hollandais De Volkskrant rapportés par le journal français Le Figaro.
Entre 14 000 et 37 000 intoxications
Trafigura Beheer BV s’est toujours défendue d’avoir agi au mépris des règles. Elle a affirmé qu’elle appliquait « une politique rigoureuse en matière d’élimination des déchets, en conformité avec les conventions internationales et lois locales ». Elle précise qu’elle a « communiqué aux autorités la nature des déchets », que les Pays-Bas ne l’avaient pas laisser débarquer sur son sol, et qu’elle avait bien spécifié à la société ivoirienne Tommy d’éliminer les déchets « conformément aux lois du pays ». Les Pays-Bas, où l’affaire des déchets toxiques fait aussi des vagues. De Volkskrant, citant une enquête parlementaire, annonce que le secrétaire d’Etat néerlandais à l’Environnement, Pieter van Geel, avait indiqué aux parlementaires que le Probo Koala contenait des substances inoffensives et qu’une autorisation d’exportation n’était donc pas nécessaire.
A ce jour, le scandale des déchets toxiques a coûté la vie à sept personnes et on compte quelque 37 000 consultations. Mais, d’après le Président Laurent Gbagbo, la majorité a consulté plusieurs fois et 14 000 personnes auraient effectivement souffert de diarrhées, de problèmes respiratoires, de maux de tête et autres gênes causés par les émanations. Les opérations de dépollution ont commencé dimanche. Mardi, un premier site avait été entièrement traité. Mais la colère gronde parmi la population elle aurait malmené le ministre des Transports et incendié la maison du directeur du port d’Abidjan, suspendu pour sa responsabilité présumée dans l’affaire.