Le premier procès des soldats accusés d’avoir commis des exactions durant les violences post-électorales s’est ouvert jeudi. Un événement positif mais pas suffisant pour Human Rights Watch, qui estime que le gouvernement doit fournir plus d’efforts pour garantir une justice équitable dans le pays.
Le procès des soldats accusés d’exactions lors des violences post-électorales de 2010-2011 s’est ouvert ce jeudi. Une première depuis la fin des troubles qui ont ensanglanté le pays suite au refus de Laurent Gbagbo de céder le pouvoir à Alassane Ouattara.
Le gouvernement ivoirien a fait un premier pas. Mais ce n’est suffisant, juge Human Rights Watch. Pour l’organisation de défense des droits de l’Homme, les autorités ivoiriennes doivent fournir plus d’efforts pour garantir une justice équitable. Selon l’ONG peu d’enquêtes ont été menées contre les forces gouvernementales qui ont commis des crimes durant cette période.
Justice à sens unique
Or l’organisation humanitaire, contacté par Afrik.com, assure qu’« il n’y a aucun doute que les forces de Ouattara ont commis des exactions durant la crise post-électorale surtout dans la phase finale de la crise. Il y a donc de graves violations des droits de l’Homme qui leur sont imputées ! »
Selon Matt Wells, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Human Rights Watch, « les autorités ivoiriennes devraient aussi engager des procédures dans des affaires plus sensibles dans lesquelles les Forces républicaines seraient impliquées et dont les victimes n’ont pas encore obtenu justice, en particulier les crimes graves commis pendant la crise post-électorale. »
D’après lui « poursuivre des personnes en justice pour des crimes internationaux graves peut être difficile. Mais l’absence de justice peut aussi entraîner de lourdes conséquences » , ajoutant que « l’impunité chronique a semblé alimenter les épisodes répétés de violence dont la Côte d’Ivoire est le théâtre depuis dix ans, les civils en payant le prix le plus élevé. »
Impunité
Dans un rapport publié le 4 avril, intitulé Transformer les discours en réalité, Human Rigths Watch épingle également le président Ouattara, indiquant qu’il n’a pas tenu ses promesses d’établir une justice équitable dans le pays. A ce jour, aucun membre des forces pro-Ouattara ne figure parmi les 150 personnes inculpées pour des crimes commis durant les violences post-électorales. L’organisation de défense des droits de l’homme dénonce aussi le fait que les accusés n’aient jusqu’à présent pas été jugés. « Ce qui constitue un réel problème », selon Philippe Bolopion, directeur de Human Rights Watch auprès de l’ONU.
De leur côté, depuis la fin de la crise ivoirienne, les pro-Gbagbo n’ont cessé de dénoncer une justice des « vainqueurs » en Côte d’Ivoire. Ils réclament toujours la libération de l’ancien président ivoirien, incarcéré à la Haye, depuis novembre 2011. Ils souhaitent aussi que tous les responsables de l’ancien régime, dont l’ex-Première dame Simone Gbagbo, interpellés et placés en détention en Côte d’Ivoire, soient libérés.