Côte d’Ivoire : démantèlement des « mouvements de libération » pro-gouvernementaux


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Le démantèlement des « mouvements de libération » pro-gouvernementaux se poursuit en Côte d’Ivoire. Les principaux groupes concernés par la mesure sont le Front de libération du Grand-Ouest et le Mouvement ivoirien de libération de l’Ouest de la Côte d’Ivoire. L’initiative entre dans le cadre de la signature des Accords de paix de Pretoria en avril dernier.

Ils ont accepté de déposer les armes. Le chef d’Etat majordes Forces armées de Côte d’Ivoire, le colonel major Philippe Mangou, s’est entretenu il y a quelques jours avec le Front de libération du Grand-Ouest (Flgo) et le Mouvement ivoirien de libération de l’Ouest de la Côte d’Ivoire (Miloci), qui ont accepté de cesser la lutte armée contre les rebelles du Nord. Le militaire s’est rendu en mission ce mardi pour déterminer si, en dehors du Flgo et du Miloci, il existait d’autres « mouvements de libération ». « Si c’est le cas, nous œuvrerons pour qu’ils déposent les armes. Mais à part à l’Ouest, on ne peut pas réellement dire qu’il y a quelque chose », explique-t-on au Centre de commandement inter-armées tactique (CCIAT). Le démantèlement, qui aurait déjà concerné certains groupes, doit commencer officiellement ce mardi. Il est plutôt bien accueilli, puisqu’il rentre dans le cadre des Accords de paix de Pretoria, signés le 6 avril dernier. Mais le parcours n’est pas sûr de se dérouler sans embûches.

Pour les proches du pouvoir, il ne faut pas faire d’amalgame : assimiler le Flgo et le Miloci à des milices est une grossière erreur. « Le terme de milice est impropre car il implique en général que le groupe armé est à la solde de politiques, ce qui n’est clairement pas le cas. Il faut plutôt employer les expressions ‘mouvements de libération’ ou encore ‘mouvement d’auto-défense’. Par ailleurs, il faut noter que des groupes comme le Comité national de libération de la ville de Bouaké ou le Groupement patriotique pour la paix n’ont pas participé militairement à quelque action que ce soit », insiste Pascal Affi N’Guessan, président du Front populaire ivoirien (FPI), le parti au pouvoir. « Ces groupes sont nés suite aux incursions des rebelles qui cherchaient à gagner le Sud du pays, explique un militaire qui a souhaité garder l’anonymat. Les rebelles tuaient les paysans. Alors les jeunes ont interpellé le gouvernement pour qu’il place des militaires dans leur région pour assurer leur protection. Le pouvoir ne pouvait pas mettre en place des soldats par manque d’effectifs, alors les jeunes se sont organisés. »

Le cas particulier des Jeunes patriotes

Ces mouvements seraient ainsi parvenus à repousser l’incursion des rebelles. Pascal Affi N’Guessan et le militaire anonyme affirment que leurs membres se sont procurés des armes par leurs propres moyens et que l’Etat n’a joué aucun rôle dans leur entraînement. Quant à dire que le gouvernement ait été gêné par leurs actions… « On ne peut pas dire qu’il s’est appuyé sur ces mouvements, mais, parce qu’ils se battaient pour la réunification du pays, on ne peut pas dire qu’il était fondamentalement hostile à leur égard », confie le président du FPI. Il ajoute toutefois que « le problème qui se pose un peu aujourd’hui est que certains veulent poursuivre la guerre alors que l’Etat est engagé dans une politique de paix ».

Les Jeunes patriotes d’Abidjan sont souvent présentés comme une milice. Affirmation que réfutent le FPI et le CCIAT. Ils décrivent plutôt le groupe, emmené par le très charismatique Blé Goudé, comme une mouvance politique. Officiellement, il n’a pas de bras armé. « Lorsqu’ils sont interrogés sur des débordements violents, ils disent qu’ils ont été infiltrés. C’est un cas particulier. Pour savoir s’ils ont en leur sein des milices, il faut faire une enquête », propose Gilbert Gonnin, Secrétaire général de la Ligue ivoirienne des droits de l’Homme. « Si preuves données que les Patriotes ont des milices avec eux, nous prendrons les dispositions nécessaires. Car tout le monde est fatigué de la guerre », explique-t-on au CCIAT.

Si tout se passe bien, les élections pourront avoir lieu

Le démantèlement des mouvements semble bien accueilli, dans la mesure où « il entre dans le cadre des Accords de Pretoria », qui doivent mener à une paix durable. Mais la tâche est difficile. Il faut retrouver les différents acteurs (qui ne sont pas facilement quantifiables), saisir les armes, retrouver celles qui auront été éventuellement cachées. Un travail de longue haleine. Il faut aussi répondre aux exigences des groupes, qui émettent des conditions quant à leur désarmement. « Le Flgo a demandé que ses éléments soient pris en compte dans le processus de DDR (Démobilisation, désarmement, réinsertion, ndlr). Mais je ne sais pas si leur demande a été acceptée », souligne le militaire anonyme.

Après les différents mouvements, il faudra s’attaquer au désarmement des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (Fanci) et du bras armé des Forces Nouvelles (FN, ex-rebellion). Le 14 mai dernier, les deux parties ont convenu de ce que le désarmement de leurs éléments commencera le 27 juin prochain, pour en principe s’achever le 10 août. Si tout se déroule comme prévu, les élections présidentielles devraient bien se dérouler le 30 octobre prochain.

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