Drogba est une véritable star en Côte d’Ivoire. Certains fans ne se contentent pas d’acheter un tee-shirt portant son nom ou de suivre frénétiquement sa carrière : ils portent maintenant le désormais célèbre « défrisage Drogba ». Un honneur dont jouissent aussi certains confrères du sociétaire de Chelsea, comme Bakary Kone ou Didier Zokora. Zoom.
Fan jusqu’à la pointe des cheveux. La Coupe du monde de football (Allemagne, du 9 juin au 9 juillet) a donné l’occasion aux spectateurs de voir évoluer sur la pelouse des joueurs africains arborant une toison ébène défrisée. Pour les plus connus on citera l’Eléphant ivoirien Didier Drogba et l’Epervier togolais Emmanuel Adebayor. Mais il y a aussi Fabrice Akwa des Palancas Negras (antilopes noires) angolaises et les Ivoiriens Bakary Kone, Arthur Boka ou Didier Zokora. Les fans suivent le mouvement, surtout les jeunes. Ils ne se contentent plus seulement de porter le maillot portant le nom et/ou le numéro de leur joueur fétiche, ils se coiffent comme lui ! C’est ce qu’il ressort de la plupart des salons des coiffures que nous avons contactés à Abidjan.
« Cheveux défrisés Drogba » ou « décapé cheveux blonds »
« Cela fait 18 ans que je coiffe et 18 ans que je me défrise. A l’époque, quand on se défrisait, c’était pour ressembler à ceux que l’on voyait dans les films américains. On voulait aussi ressembler aux artistes qu’on écoutait, comme Barry White. On voulait avoir un certain style, surtout nous, les coiffeurs. Ce n’est qu’après que Drogba, Adebayor et Kone se sont défrisés et ont lancé une mode que suivent nos petits frères », estime Bill Walls, de Net Coiffeur.
On assiste donc dans certains salons de coiffures à un défilé de jeunes hommes, arrivant avec sous le coude leur crème anti-cheveux-crépus. « Un client venu de France pour les vacances nous a demandé la coupe de Didier Drogba. Il avait des repousses et voulait les défriser », se souvient Serge Kouho, coiffeur à Aimée Coiffure, qui a arrêté le défrisage pour cause de calvitie naissante. Dans cet établissement, les mâles demandent peu ce type de coupe : « Ils sont beaucoup plus intéressés par le curly et les waves pour ressembler à Mase ou Puff Daddy (des chanteurs américains) ».
A Winston Coiffure, on note plus d’adepte du défrisage façon football player : « Des hommes viennent nous demandent la coupe ‘cheveux défrisés Drogba’. Alors on défrise, on mouille, on met du gel et on leur fait la raie au milieu. En laissant les cheveux au vent, cela donne la coupe de Drogba. Mais certains se défrisent et font des rastas, comme Baki (Bakary Kone). Beaucoup se décapent aussi les cheveux en blond comme Arouna Kone. Une coupe de ‘décapé cheveux blonds’ », confie Juliana Naky, coiffeuse.
Les femmes aussi veulent des coupes de footballeurs !
Si les hommes se lissent les cheveux pour ressembler à leur idole, les femmes ne sont pas en reste. « Je reçois peu d’hommes qui veulent la coupe de Didier Drogba ou autre, mais, en revanche, j’ai beaucoup de filles fans qui veulent la coiffure de Didier Drogba ou de Bakary Kone. Comme Evelyne. Elle est toujours là. On ne peut pas dire un mot sans qu’elle dise ‘Drogba’. Si c’est Drogba seulement, elle a envie de mourir ! » raconte Geneviève Nillogo, responsable du salon Sweet Lady Cosmetics. Evelyne, 21 ans, n’a pas démenti. « Dès le premier jour où je l’ai vu avec ses cheveux défrisés, j’ai fait pareil. Quand je le vois, c’est fini. Quand je le vois, je suis paniquée et je ne sais même pas pourquoi ! Je me rends au salon deux fois par mois pour les repousses », commente la jeune femme.
En Côte d’Ivoire, il n’y en a pas que pour les footballeurs de l’équipe nationale. « Beaucoup se défrisent et certains font le curly court ou long. C’est ancien comme mode, mais ça revient. La plupart n’ont pas de modèles, mais ils disent vouloir avoir la coupe et la texture de cheveux de l’entraîneur du FC Barcelone (Frank Rijkaard, ndlr), qui a naturellement les cheveux bouclés », indique Raymond Koffi Kwame, dirigeant de Ferdinand Coiffure.
Le problème, c’est que tous les défrisages ne sont pas biens faits. « Lors des petits tournois de quartiers organisés à la fin de l’été, on voit beaucoup de jeunes avec des cheveux défrisés. Surtout des attaquants et des défenseurs. Ils n’ont pas beaucoup d’argent et ils achètent leur défrisant au tout premier prix et il y a parfois de la soude dedans, ce qui peut irriter le cuir chevelu. Ils s’asseyent et se défrisent entre eux parce qu’ils ne peuvent pas se payer un salon. Mais ils ne font pas de soins et ne démêlent pas leurs cheveux. Alors ils finissent dans un mauvais état. Mais en grandissant, ils font plus attention », souligne Bill Walls. Encore une chance : sinon tous les supporters finiraient par porter des perruques !