La contestation est presque unanime à l’encontre de la nouvelle réforme de la Commission électorale indépendante (CEI) proposée par le gouvernement, et présentée à l’issue du Conseil des ministres de mercredi.
L’opposition à la nouvelle réforme de la Commission électorale indépendante (CEI) présentée par le gouvernement mercredi, à l’issue du Conseil des ministre rassemble contre elle aussi bien l’opposition du Front populaire ivoirien (FPI) que celle du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), normalement allié du gouvernement. Le nombre de membres est porté à 17 au lieu de 13 membres et le représentant du président de la République siégeant dans cette commission en sera automatiquement le président, ce qui cristallise le mécontentement.
« Le pouvoir est resté dans sa logique de confiscation »
« Le pouvoir est resté dans sa logique de confiscation de la CEI », a déclaré ainsi le journal Notre Voie, qui est la voix médiatique du FPI, créé par l’ex-président Laurent Gbagbo. « Sous le couvert de quelques petits arrangements, le pouvoir se taille la part du lion avec l’accroissement du nombre de représentants de l’administration », a écrit un éditorialiste du journal.
Il qualifie de « grave recul » la désignation du représentant du président de la République comme président de la CEI. Pour la plupart de ceux qui critiquent la réforme, le pouvoir a voulu faire diversion en augmentant le nombre de membres siégeant dans la commission. « Dans nos propositions, le nombre de membres n’était pas l’élément fondamental », a indiqué la chef de l’Union républicaine pour la démocratie (URD), Danièle Boni-Claverie, membre de l’Alliance des forces démocratiques de Côte d’Ivoire (AFDCI) comme le FPI.
« Nous recherchions l’équilibre entre le pouvoir, l’opposition et la société civile qui pourrait jouer le rôle d’arbitre », a affirmé ce membre de l’opposition. La rhétorique est la même pour le député du PDCI, Kouadio Konan Bertin : « dans la mesure où le chef de l’Etat est candidat lui-même, il ne peut être juge et partie ; ou alors est ce qu’on va accepter que tous les candidats déclarés aient un candidat à la CEI, pour l’équité et l’équilibre ? », rapporte Xinhua.
L’ironie du parti au pouvoir
Cette question n’est pas évoquée par le gouvernement. Le plus important pour Kouadio Konan Bertin est de « garantir la neutralité et l’indépendance » indispensables à « la restauration de la confiance entre acteurs et au retour de la paix après les élections prochaines ». Du côté du pouvoir, le Rassemblement des Républicains de l’actuel président Alassane Ouattara a indiqué qu’ « il n’y aura pas d’élections sans contestations sans une CEI consensuelle ».
« Le gouvernement vient de proposer, le dernier mot revient aux députés, ainsi va la démocratie », a indiqué le porte-parole principal du RDR, Joël N’guessan. Le projet de loi doit être voté lundi prochain à l’Assemblée nationale du pays où le parti au pouvoir détient l’écrasante majorité des sièges, de même que son allié au pouvoir, le PDCI, sachant que l’opposition du FPI n’y est pas représentée. Ce parti avait refusé de se présenter aux élections législatives.
Le porte-parole s’est alors déclaré « très heureux » que le « débat démocratique » se déroule en Côte d’Ivoire.