Côte d’Ivoire : condamné à la prison à perpétuité, Guillaume Soro interjette appel


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Guillaume Soro
Guillaume Soro

Condamné par contumace à la prison à vie, Guillaume Soro fait appel de la décision de la justice ivoirienne. Le bras de fer avec les autorités ivoiriennes n’est pas prêt de s’arrêter.

Face au verdict lourd qui s’est abattu sur lui, le 23 juin dernier, l’ancien Premier ministre et président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro, n’entend pas rester sans réaction. Il a décidé de faire appel et de recourir à des juridictions internationales. « Nous avons introduit un recours en appel contre ce verdict et avons saisi des juridictions internationales, notamment la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples (CADHP) », a déclaré l’un de ses avocats, Me Souleymane Diallo.

En plus de l’appel interjeté, les avocats de Guillaume Soro ont également rendu public un communiqué dans lequel ils ont fustigé la décision de la justice ivoirienne de dissoudre Générations et peuples solidaires (GPS), mouvement politique de l’ancien chef rebelle. « Parmi ces violations, l’une d’elle porte une atteinte insoutenable à la liberté d’association, à la liberté d’opinion, et plus largement, au pluralisme politique. En effet, sans aucune raison valable et sans même le visa d’un quelconque texte de loi, le mouvement Générations et peuples solidaires (GPS), association légalement constituée sous le régime de la loi N°60-315 du 21 septembre 1960, a été dissout par le tribunal criminel, à titre de peine complémentaire, aux condamnations des accusés personnellement poursuivis », peut-on lire dans le communiqué.

Pour les avocats, une telle décision est tout simplement inadmissible puisque « ni le réquisitoire introductif, ni supplétif du procureur de la République, ni l’ordonnance de transmission de pièces du doyen des juges d’instruction à la chambre d’instruction de la Cour d’appel d’Abidjan, ni l’arrêt de renvoi et de mise en accusation devant le tribunal criminel susdit, n’ont mis en cause le mouvement GPS en qualité de coaccusé et ce, eu égard à l’article 95 de la loi N°2019-574 du 26 juin 2019 portant code pénal ».

Et le collectif des avocats de poursuivre : « L’association GPS n’ayant donc pas été inculpée, ni poursuivie, ni renvoyée devant le tribunal, aucune peine complémentaire ni mesure de sûreté ne pouvait valablement lui être infligée, sauf à méconnaître les principes de légalité et de responsabilité pénale du fait personnel ».
Ils en concluent que « du fait de l’appel interjeté contre la décision inique du 23 juin 2021, et des recours internationaux engagés contre celle-ci, le mouvement GPS reste parfaitement en droit de continuer ses activités partout sur le territoire ivoirien, aux côtés de ses mouvements alliés ».

Le bras de fer entre Guillaume Soro et le pouvoir ivoirien semble être sans lendemain, puisque ce n’est pas la première fois que l’ancien allié d’Alassane Ouattara saisit la CADHP au sujet du problème qui l’oppose aux autorités de son pays. En avril 2020, la juridiction africaine avait rendu une décision favorable à Guillaume Soro, en demandant à l’État ivoirien de suspendre le mandat d’arrêt émis contre l’ancien président de l’Assemblée nationale. Non seulement, la Côte d’Ivoire ne s’est pas pliée à l’arrêt de la Cour, mais pis, elle s’est retirée du protocole de la CADHP.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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