Charles Konan Banny est actuellement en visite officielle en France. Le Premier ministre ivoirien est venu s’assurer du soutien politique de Paris et de son appui auprès des bailleurs de fonds internationaux dans la conduite du processus de paix en Côte d’Ivoire, dont désarmement et identification des populations sont des prérequis.
La Côte d’Ivoire s’apaise et est inexorablement engagée sur les sentiers de la paix. C’est le message que le Premier ministre ivoirien, Charles Konan Banny, a tenu à faire passer durant sa première visite officielle en France qui a commencé lundi et s’achèvera ce vendredi. Parce que, selon M. Banny, il n’y a « rien de pire qu’un programme en panne de financement », le Premier ministre ivoirien est venu s’assurer, du soutien politique, et surtout économique de la France dans la conduite du processus de pacification de la Côte d’Ivoire. Notamment pour ce qui est de plaider sa cause auprès des bailleurs de fonds internationaux. Le Président français, Jacques Chirac, qu’il a rencontré mardi, lui a assuré que son pays tiendrait ses engagements.
Mais le plus dur reste à venir, car il faudra, dans les six prochains mois, asseoir les conditions nécessaires à la tenue d’élections « libres, transparentes et équitables », prévues pour octobre 2006. Et rien n’est encore joué, même si les règles du jeu sont claires. Notamment en ce qui concerne les processus délicats du désarmement et d’identification qui se feront « concomitamment ». A propos du désarmement, qui « apparaît comme une priorité », Charles Konan Banny s’est dit confiant en dépit de l’échec des précédentes tentatives, lors d’une conférence de presse qui s’est tenue à Paris, mercredi après-midi, au Centre d’accueil de la presse étrangère (CAPE).
La paix, c’est aussi une affaire d’argent
« Même si le délai est court, nous avons un peu plus de chances, parce que nous travaillons sur des acquis matériels et psychologiques. Nous pensons que s’il n’y a pas d’autres problèmes inattendus qui se dressent, ce qui est toujours possible, nous avons de bonnes chances d’y aller. » Evoquant les milices, il a indiqué « que tous ceux qui se battent ne sont pas des militaires, il y a des combattants qui ne seront peut-être pas intégrés dans les différentes armées. Ceux-là, il faut leur trouver une place dans la société ivoirienne par l’insertion ou la réinsertion. Je considère qu’il faut donner d’autres possibilités de s’épanouir à tous les jeunes qui ont pris des armes parce qu’ils estimaient qu’il fallait se transformer en groupes d’auto-défense et/ou milices ».
M. Banny a également précisé les modalités qui prévaudront lors du processus d’identification de « toutes les populations » vivant sur le territoire ivoirien. Processus à la suite duquel sera établie une liste électorale, « c’est-à-dire la population des Ivoiriens en âge de voter ». « Et cette liste sera d’autant plus incontestée qu’elle aura embrassé l’ensemble du territoire selon des méthodes qui sont justes techniquement, qui ont fait appel à des techniques que l’on ne peut pas manipuler… C’est à cet exercice que nous nous livrons. », a-t-il affirmé. Le « VRP »[[Voyageur représentant placier]] de la Côte d’Ivoire, comme s’est qualifié lui-même, Charles Konan Banny a tenu également a rassuré les opérateurs économiques français sur le « climat d’apaisement » que connaît son pays. D’ailleurs pour le Premier ministre, la Côte d’Ivoire serait « à la veille d’un second miracle ». La tournée des bailleurs de fonds du Premier ministre ivoirien se poursuivra le 24 avril aux Etats-Unis où des rencontres sont prévues avec les institutions de Bretton Woods et les Nations Unies. Il se rendra également, en mai, à Bruxelles afin de s’entretenir avec les responsables de l’Union européenne. Pour l’heure, M. Banny rencontrera, vendredi en fin de soirée, la communauté ivoirienne en France.