Amnesty international vient de publier un rapport de quatre-vingt pages sur la Côte d’Ivoire. Intitulé « Côte d’Ivoire : la loi des vainqueurs », le rapport fustige et dénonce les nombreuses bavures commises par les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), favorables au régime de Alassane Ouattara. L’ONG souligne le laxisme des autorités ivoiriennes à instaurer un Etat de Droit et réclame l’ouverture d’une enquête.
« La Côte d’Ivoire doit briser le cycle des abus et de l’impunité ». Cette déclaration provient de Gaëtan Mootoo, chercheur à Amnesty International. Une déclaration qui arrive à point nommé en Côte d’Ivoire au moment où Amnesty international, ONG militant pour la défense et le respect des Droits de l’Homme dans le monde vient de publier un nouveau rapport.
Le rapport intitulé « Côte d’Ivoire : la loi des vainqueurs » souligne en effet les nombreuses exactions commises par le camp de Alassane Ouattara. Les bavures ne sont pas nouvelles, selon l’ONG internationale. Elles datent bien avant l’arrivée au pouvoir de l’actuel président de la République du pays.
Le rapport d’Amnesty international fait état d’un sérieux dysfonctionnement des droits de l’homme en Côte d’Ivoire. Les détentions arbitraires se multiplient. Les exactions sommaires sont monnaie courante. Les tortures, les harcèlements sexuels et les viols sont devenus fréquents.
« La justice des plus forts »
Il aura fallu une mission d’un mois à l’ONG pour dresser un long réquisitoire. Le rapport n’y va pas de main morte. Il se base sur des témoignages directs et indirects et impute une lourde responsabilité aux Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI).
Ces derniers sont souvent accusés de pillage et d’exactions sommaires. La dernière en date a été celle d’Afféry, une localité située à une centaine de kilomètres de la Côte d’Ivoire où un civil a été tué par un soldat dont l’identité reste encore inconnue.
Le rapport dénonce aussi les mauvais traitements infligés aux partisans de Laurent Gbagbo. Des traitements le plus souvent basés sur des considérations ethniques. L’attaque du camp de déplacés de Nahiby (ouest) où des membres de l’ethnie Quéré, partisans de Laurent Gbagbo ont été pris à parti, reste toujours dans les mémoires.
Le rapport fait état d’une dizaine de personnes victimes d’arrestations arbitraires et de tortures commises par l’armée et la milice composée de chasseurs traditionnels Dozo.
Aujourd’hui, de nombreux partisans de Alassane Ouattara sont soupçonnés d’avoir commis de graves crimes, mais jusque-là aucun d’entre eux n’a été intimidé par la justice ivoirienne. Ce qui pousse le camp Gbagbo à parler parfois d’ « une justice des plus forts ».
Amnesty international réclame la mise en place d’une commission internationale d’enquête sur l’attaque de Nahiby en juillet 2012 et dénonce l’échec des autorités ivoiriennes à instaurer un Etat de droit malgré ses promesses.
« Les autorités ivoiriennes s’en félicitent »
Les autorités ivoiriennes acceptent le rapport, mais notent que certaines informations étaient déjà connues. Gnénéma Coulibaly, ministre ivoirien des Droits de l’Homme et des Libertés publiques s’est félicité de cette démarche. « Je voudrais d’emblée me féliciter de cette démarche que le gouvernement ivoirien a toujours souhaité des ONG de défense des Droits de l’Homme dans le cadre de leurs missions en Côte d’Ivoire » a-t-il fait savoir.
Le ministère ivoirien de la Justice a rappelé que les autorités se sont engagées à poursuivre les auteurs d’éventuels abus, faisant état des efforts déployés par l’Etat pour améliorer le respect des droits de l’homme par les forces armées.