Le Président ivoirien pourrait annoncer aujourd’hui son intention de briguer un nouveau mandat. Mais isolé et lâché par ses anciens alliés, Alassane Ouattara semble manquer d’envie.
Il avait décidé de ne pas rempiler et de faire de son ami Amadou Gon Coulibaly son dauphin. En n’envisageant aucune autre option, après le décès de son Premier ministre, Alassane Ouattara est aujourd’hui dépourvu de toute alternative. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir été prévenu. L’on apprend en effet dans un article de L’Opinion publié ce jeudi matin que la plupart des proches du Président « lui recommandaient d’épargner physiquement l’ancien Premier ministre, sujet à de récurrents problèmes cardiaques ». Faute d’hommes prêts à relever le défi de la Présidentielle, dès le lendemain du décès de Coulibaly, Ouattara a été poussé par les siens à rempiler. Quoi qu’il arrive, il savait dès lors qu’il serait candidat, même s’il a annoncé un « délai de réflexion » qui laisse peu de place au suspense.
Alassane Ouattara « a perdu sa lucidité »
Sauf que le Président, qui espérait se reposer, est aujourd’hui peu motivé pour un troisième mandat. Selon nos informations, lors d’une rencontre avec le Président du Sénégal, Macky Sall, il aurait d’ailleurs confié être « fatigué » et impatient de se retirer. Outre un état de fatigue qui l’empêcherait de faire cinq années supplémentaires, le Président est bien seul. L’Opinion le dit « meurtri dans sa chair » et le chef de l’Etat aurait « perdu sa lucidité »… et ses alliés. « Des amis de trente ans comme Marcel Amon-Tanoh, ex-directeur de Cabinet puis ministre des Affaires étrangères, l’ont quitté récemment », rappelle le quotidien français qui ajoute que nombreux sont les caciques du RHPD à être déçus de ne pas avoir été désignés pour représenter le parti présidentiel lors de l’élection d’octobre.
Un verrouillage sécuritaire
Dans un parti aux multiples clivages, ses amis appellent à l’ouverture d’un dialogue avec l’opposition. Au risque, sinon, de suivre la trace des dictateurs africains les plus célèbres. En choisissant Hamed Bakayoko comme Premier ministre, le Président ivoirien a débuté un verrouillage sécuritaire en vue de la campagne à venir. Un membre du RHDP affirme d’ailleurs, sous couvert d’anonymat, que le Président « s’est préparé à quelques troubles » au moment du scrutin présidentiel. De quoi prévoir des violences et… une répression massive, selon ses opposants. Autour du Président graviteraient cependant des conseillers qui tenteraient de l’inciter à reporter l’élection.