Le bras de fer continue en Côte d’Ivoire entre les deux camps qui réclament la présidence. A Abidjan, le camp Ouattara a déclaré avoir lancé l’« assaut final » cet après-midi. Mais les pro-Gbagbo, qui ont annoncé le retour de leur chef d’état-major, le général Philippe Mangou, n’ont pas dit leur dernier mot. D’autre part, la place de la communauté internationale, et particulièrement celle de la France, ne convient à aucune des parties. Trop engagée pour l’une, pas assez pour l’autre.
Le bras de fer continue en Côte d’Ivoire entre les deux camps qui réclament la présidence. A Abidjan, le camp Ouattara a déclaré avoir lancé l’« assaut final » cet après-midi. Mais les pro-Gbagbo, qui ont annoncé le retour de leur chef d’état-major, le général Philippe Mangou, n’ont pas dit leur dernier mot. D’autre part, la place de la communauté internationale, et particulièrement celle de la France, ne convient à aucune des parties. Trop engagée pour l’une, pas assez pour l’autre.
Seul politiquement et isolé dans ses trois derniers bastions d’Abidjan, le camp Gbagbo montre des facultés de résistance qui étaient inimaginables au début de l’offensive éclaire des pro-Ouattara. Les Forces républicaines fidèles à ce dernier ont promis aujourd’hui un « assaut final » pour déloger Laurent Gbagbo du pouvoir, il a commencé à 13 heures – 15 heures à Paris – sans réelle progression pour le moment. « La stratégie était d’encercler la ville d’Abidjan. Nous avons envoyé des soldats à l’intérieur de la ville pour faire du harcèlement des troupes pro-Gbagbo avant cette intervention », a déclaré dimanche soir le Premier ministre du gouvernement Ouattara, Guillaume Soro, à l’antenne de Télévision Côte d’Ivoire (TCI).
La réponse du camp Gbagbo est venue dimanche soir par la voix du ministre de la jeunesse Charles Blé Goudé, qui était déclaré en fuite depuis jeudi dernier. Celui qui est aussi le chef des Jeunes Patriotes a lancé un appel aux partisans de Laurent Gbagbo lors d’une réapparition sur la Radio Télévision Ivoirienne (RTI). Il leur a notamment demandé d’aider l’armée dans ses opérations de ratissage, « car l’assaut final annoncé par les rebelles et qui n’a jamais eu lieu, cet assaut final viendra de l’armée de la Côte d’Ivoire ».
Retour du chef d’état-major
Une semaine après le début de l’offensive menée par les pro-Ouattara, les combats en Côte d’Ivoire avaient baissé en intensité à Abidjan depuis samedi. Le couvre-feu imposé par Alassane Ouattara a été prolongé jusqu’à ce lundi matin. Dans le bras de fer qui oppose les deux anciens candidats à la présidentielle, Laurent Gbagbo a marqué un point aujourd’hui. Le chef d’état-major de son armée, le général Philippe Mangou, retranché à l’ambassade d’Afrique du Sud depuis mercredi, aurait rencontré dimanche le président sortant Laurent Gbagbo, à sa résidence. Dans le camp Ouattara, on affirme qu’il y a été contraint. « Nous avons des raisons de penser qu’il est victime de pressions et de chantages de la part des pro-Gbagbo qui retiennent sa famille en otage », considère Ally Coulibaly, ambassadeur de Côte d’Ivoire en France. Du côté adverse, on estime que « le chef d’état-major Philippe Mangou est revenu à la maison », selon Alain Toussaint, le conseiller de Laurent Gbagbo. « La quasi-totalité de l’armée ivoirienne reste fidèle à Laurent Gbagbo. Le haut commandement a été reconstitué après une ou deux défections », précise-t-il.
Rôle de la France
Alors que l’angoisse et le silence se sont emparés d’Abidjan avant « l’assaut final », les soldats français de la force Licorne continuent d’évacuer leurs ressortissants. Deux d’entre eux ont été enlevés lundi à l’hôtel Novotel du quartier du Plateau par des forces pro-Gbagbo, selon Europe 1. Il s’agirait du directeur de l’hôtel et du président du groupe Sifca. Trois autres personnes ont été enlevées mais on ne connaît pas encore leur nationalité. Les forces françaises contrôlent désormais l’aéroport international situé près de leur camp de Port-Bouët, où 1 800 ressortissants français et étrangers sont réfugiés. Le contingent a reçu un renfort de 150 soldats supplémentaires, ce qui porte l’effectif total à environ 1 650 militaires. « Si les soldats français se déploient pour assurer la protection des Français, il faudrait aussi que la France se préoccupe du peuple ivoirien », réclame Ally Coulibaly. Le camp Ouattara appelle la France et l’ONU à plus de soutien alors que des rumeurs croissantes circulent sur l’implication de la France dans les affrontements à Abidjan. « Certains parlent même de snipers de la force Licorne qui aurait été déposés sur des toits d’immeuble par des hélicoptères pour tirer sur des manifestants pro-Gbagbo », évoque notre correspondante à Abidjan.
La France est devenue la nouvelle cible de la propagande médiatique du camp Gbagbo. Sur la RTI, des images des blindés français escortant des colonnes de véhicules « rebelles » passent en boucle sans pouvoir vérifier le jour où ces images ont été enregistrées. La voix-off déclare que « Les caisses de résonance de l’État français ont décidé de cacher la réalité du terrain. Mais il est difficile de cacher le soleil de la main ». Les présentateurs du « flash-info » accusent l’action de la France, « qui veut opérer un coup d’état en Côte d’Ivoire », et plus généralement, celle de la communauté internationale pour « les tirs assassins de l’ONUCI ». Au terme d’une réunion de crise à L’Elysée, aucun mandat supplémentaire n’a été attribué à la force Licorne présente en Côte d’Ivoire. Le président français Nicolas Sarkozy a cependant demandé au secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, de mettre en œuvre la résolution 1975 adoptée mardi dernier par le Conseil de sécurité. Elle prévoit l’interdiction de l’usage des armes lourdes dans Abidjan et se réfère à la « responsabilité de protéger ».
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