Une relative accalmie s’est installée en milieu d’après-midi dans la capitale de la Côte d’Ivoire, Abidjan. Des heurts entre manifestants et forces de sécurité et un sanglant affrontement à l’arme lourde ont eu lieu ce jeudi entre les éléments des Forces nouvelles (FN) et la garde républicaine de Laurent Gbagbo aux alentours du Golf Hotel, où Alassane Ouattara a élu domicile avec son Premier ministre Guillaume Soro.
Le bilan des affrontements reste encore approximatif. Le porte-parole de Guillaume Soro, Meité Sindou, parlait de 30 morts cet après-midi, tandis que d’autres sources, dont Amnesty international, en annonçaient une dizaine. Selon la radiodiffusion télévision nationale (RTI) et des membres des forces de sécurité, aux alentours de 13 heures ce jeudi, MM. Ouattara et Soro auraient quitté l’hôtel du Golf en plein milieu des affrontements opposant éléments des Forces nouvelles (FN) et la garde républicaine.
Même si aucun bilan définitif n’a encore été publié, plusieurs morts et blessés graves (100 à 110 blessés selon Meité Sindou) sont à compter parmi les manifestants qui sont descendus dans la rue ce matin à Abobo, Koumassi, la Riviera et à la sortie de Yopougon, à l’appel d’Alassane Ouattara et de Guillaume Soro, qui avait annoncé lundi son intention de prendre les locaux de la RTI. Dans les rangs des FN, on parle de deux morts pris dans une embuscade alors qu’ils tentaient de sortir de l’hôtel du Golf pour rallier la télévision d’Etat, aux mains du président Laurent Gbagbo.
Dispersés par les Forces de sécurité, des groupuscules de manifestants se sont formés aux alentours de la maison du Pdci Rda à Cocody et à quelques mètres de la RTI, point de chute des militants qui répondaient à l’appel de Guillaume Soro pour l’installation du nouveau DG, Brou Aka Pascal. Anciennement journaliste à la RTI, il avait mené le grand face-à-face entre Alassane Ouattara et le Président sortant, Laurent Gbagbo, à quelques jours du second tour, le 25 novembre dernier.
L’atmosphère au sein de la RTI – dont le périmètre a été bouclé par les Forces de défense et de sécurité (Fds), groupe de l’armée régulière de l’Etat ivoirien – que les manifestants n’ont pu atteindre, est, semble-t-il, proche de celle d’une journée ordinaire. «Chaque agent est à son poste pour servir l’Etat et la République», rapporte un journaliste de la maison. Pendant que le DG, Brou Amessan, démis de ses fonctions par le camp Ouattara, arpente tranquillement les couloirs. «Il n’y a aucun souci», lance-t-il.
La Côte d’Ivoire est en train de s’engouffrer dans une crise généralisée, qui ne risque pas de s’arrêter de sitôt. Le Premier ministre désigné par Alassane Ouattara, Guillaume Soro, également chef de l’ex-rébellion, ne compte pas s’arrêter là. Vendredi 17 décembre, une nouvelle marche devrait réunir leurs partisans jusqu’à la Primature, au Plateau.