L’Indice de Perception de la Corruption (IPC) 2024 classe 180 pays selon le niveau de corruption perçu dans leur secteur public. Cette année, le rapport met en lumière les liens étroits entre corruption et crise climatique, avec un focus particulier sur la situation de la France et du Maroc.
Un recul préoccupant pour la France et le Maroc
La France chute de cinq places, se positionnant à la 25e place mondiale, dix rangs derrière l’Allemagne. Cette régression, la plus importante depuis la création de l’IPC en 1995, s’accompagne d’une multiplication des affaires politico-judiciaires impliquant des ministres depuis 2017. Selon Transparency International, « ce signal d’alerte témoigne d’une multiplication des atteintes à la probité en France dans un contexte de crise institutionnelle« .
Le Maroc, de son côté, recule à la 99e place avec un score de 37, illustrant une corruption systémique persistante qui freine son développement. « Ces résultats montrent de manière répétitive et confirmative que le Maroc souffre d’une corruption systémique qui nécessite des réformes structurelles sérieuses« , affirme Transparency Maroc. Une situation que le gouvernement de Mohammed VI ne semble pas vouloir faire évoluer dénonce l’ONG marocaine qui a claqué la porte de la Commission Nationale Anti-Corruption face à l’inaction gouvernementale.
Impact sur la gouvernance climatique et 1 013 meurtres de défenseurs environnementaux
Le rapport identifie quatre mécanismes principaux par lesquels la corruption compromet l’action climatique. En premier lieu, les industries fossiles exercent une influence indue sur les politiques climatiques, freinant la transition énergétique. Comme le souligne Maíra Martini, directrice de Transparency International : « La corruption ne se contente pas d’impacter les politiques : elle les dicte souvent, démantelant les mécanismes de contrôle et d’équilibre« .
Deuxièmement, le manque de transparence facilite l’utilisation abusive des financements destinés à l’adaptation climatique, retardant des projets essentiels.
Troisièmement, la corruption affaiblit les contrôles réglementaires, favorisant la destruction des ressources naturelles. Enfin, les défenseurs de l’environnement sont particulièrement vulnérables dans les pays où la corruption est forte. Le rapport révèle que presque tous les 1 013 meurtres de défenseurs environnementaux depuis 2019 ont eu lieu dans des pays ayant un score IPC inférieur à 50.
Recommandations
Face à ces défis, le rapport formule plusieurs recommandations urgentes. L’intégrité doit être placée au cœur des actions climatiques. Les processus d’élaboration des politiques doivent être protégés de toute influence indue. Il est également crucial de renforcer les enquêtes, les sanctions et les protections contre la corruption. Enfin, l’engagement citoyen dans les investissements climatiques doit être développé pour garantir une meilleure transparence.
Comme le souligne François Valérian, président de Transparency International : « La corruption est une menace mondiale en constante évolution qui ne se limite pas à saper le développement – elle est une cause majeure du déclin de la démocratie, de l’instabilité et des violations des droits humains. »
