Le Gabon célèbre ce jeudi la journée nationale de lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite. Un mal que dénonce le gouvernement mais que la population, sceptique, voudrait voir combattu avec plus de conviction.
De notre correspondant
Des manifestations ont été organisées au palais de l’assemblée nationale ce jeudi, à l’occasion de la journée nationale de lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite. Le gouvernement a déclaré souhaiter l’implication de l’ensemble des populations dans la lutte contre ce fléau qui gangrène la vie sociale, politique et économique du pays. Un fléau que les Gabonais
« Nous attendons des actes et avons assez des messes pour rien. A quoi servent toutes les manifestations organisées si les coupables des détournements de fonds publics vivent en liberté », se demande Guy Maganga, enseignant, qui fait remarquer que la corruption est visible dans la plupart des secteurs publics, notamment la santé, l’éducation et la justice. « Il est presque impossible de gagner un concours d’Etat sans débourser une grosse somme d’argent. Quand il n’y a pas d’argent, il faut avoir un parent proche dans les hauts lieux. La justice gabonaise est également une justice de classe et dans les hôpitaux publics, il faut avoir de l’argent pour être servi avec dignité », fait encore remarquer M. Maganga. Un point de vue que partagent nombre d’acteurs de la société gabonaise, qui affirment que le mal est perceptible dans tous les secteurs de la vie du pays et que des actions urgentes s’imposent afin de permettre au Gabon d’émerger.
C’est précisément dans cette perspective que le Premier Ministre, Paul Biyoghé Mba a demandé hier à la commission nationale de lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite (CNLCEI) de « redoubler d’ardeur dans ce combat indispensable pour la transformation et le développement du pays ».Pour généraliser le combat et impliquer tous les citoyens dans la lutte, les autorités de Libreville ont préconisé l’organisation des campagnes de proximité visant à sensibiliser les populations sur les dangers de la corruption et de l’enrichissement illicite. C’est le seul moyen, selon Vincent Lébondo Le-Mali, président de la CNLCEI de prévenir ces deux fléaux.
Depuis la mise en place de cette commission, il y a près de 7 ans et, malgré les enquêtes ouvertes sur certains dossiers, aucun résutat mettant en cause certaines personnalités du pays n’a été publié jusqu’à ce jour, alors que tout le monde sait que l’argent public est régulièrement détourné au Gabon. Même les appels à l’ordre du chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba, n’ont rien changé dans ce domaine. Et la population souhaite vivement que qu’un terme soit mis « au règne de l’impunité ».
« Le Cameroun nous montre chaque jour de beaux exemples en matière de lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite. Dans ce pays voisin, des ministres et des hauts cadres de l’Etat ont été emprisonnés pour leurs indélicatesses », note Yves Mouketou, 28 ans, informaticien. « Nous attendons de voir tous ceux qui ont volé les biens publics répondre de leurs actes devant les tribunaux », ajoute-t-il. Du jamais vu, jusqu’à ce jour, au Gabon.