Alors qu’elle semblait protégée du coronavirus jusqu’au début du mois de février, l’Afrique est finalement entrée dans le rang des continents touchés par le mal qui sévit depuis décembre dernier. Egypte, Algérie, Nigeria, puis Sénégal, Tunisie et Maroc, en tout six pays du continent, comptent désormais des malades atteints du coronavirus ; la plupart sont des ressortissants européens ou des Africains venant d’Europe.
C’est en Egypte que fut détecté, à la mi-février, le premier cas de personne portant le coronavirus en Afrique. Un étranger, selon les autorités égyptiennes, sans précision. A la suite de l’Egypte, c’est en Algérie qu’a été détecté un autre cas. Cette fois-ci, c’est un Italien qui s’était rendu dans le pays qui a été testé positif. Deux nouveaux cas de personnes contaminées ont ensuite été identifiés à Blida. Il s’agit d’une mère de 53 ans et de sa fille de 24 ans, qui avaient accueilli chez elles deux membres de leur famille revenus de la France avec le virus.
Entre-temps, l’Afrique subsaharienne a été également touchée, le Nigeria d’abord où un ressortissant italien revenu de Milan était porteur du virus. Après le Nigeria, le Sénégal a identifié un premier cas, puis un deuxième, des Français revenus fraîchement de l’Hexagone.
De son côté, la Tunisie est entraînée dans la barque depuis lundi par un natif du pays revenu d’Italie, le 27 février. La maladie s’est également invitée chez les voisins marocains, et c’est encore d’Italie qu’est venue la personne infectée.
Au total, à l’heure actuelle, on dénombre 14 cas de personnes atteintes dans ces six pays : un en Égypte, huit en Algérie, un en Tunisie, un au Maroc, un au Nigeria et deux au Sénégal. A part l’Egypte où on ne sait pas avec précision d’où est venue la personne infectée, les cinq autres pays africains ont été contaminés par des personnes revenues d’Europe, l’Italie et la France en l’occurrence.
Ainsi, contrairement aux craintes exprimées dès l’apparition du mal, ce n’est pas par la Chine, pays avec lequel le continent africain entretient des liens très serrés, que le coronavirus s’est retrouvé en Afrique, mais par la porte la moins soupçonnée car soi-disant la mieux surveillée, l’Europe, en l’occurrence l’Italie et la France. Ces deux pays deviennent ainsi des foyers de distribution du coronavirus, alors même qu’en Chine, le point de départ de l’épidémie, le taux de contamination s’est stabilisé depuis quelques jours.
Des chiffres sous estimés en France et en Italie ?
En France, il y a au moins 212 cas confirmés et 4 décès, des chiffres qui paraissent très faible si l’on considère le fait que deux ressortissants français ont été testés positifs au Sénégal. En Italie, plus de 2 000 personnes contaminées ont été recensées et plus de 50 déjà décédées.
Le niveau d’alerte est donc élevé en Europe. En France par exemple, plusieurs manifestations publiques sont annulées ; c’est le cas du salon mondial du tourisme ou du salon du livre qui devaient se tenir à Paris. En Italie de nombreux évènements sportifs sont reportés.
Avec 14 personnes contaminées détectées, toutes vivantes, sur plus de 90 000 cas répertoriés et plus de 3 000 morts dans le monde, le nombre de patients sur le continent africain demeure très bas par rapport aux inquiétudes et aux alertes données par l’OMS. On observe par ailleurs l’augmentation de la vigilance au niveau des aéroports des pays africains, avec la mise en place de systèmes de détection aux frontières de cas suspects, à travers une prise de température, et de structures d’isolement et de traitement dans les aéroports.
Des pays comme le Congo Brazzaville où aucun cas n’a encore été détecté vont plus loin en décidant d’une mise en quarantaine systématique de tous les passagers provenant de pays identifiés à risque dans le monde, quelle que soit leur nationalité. « Toutes les personnes qui viennent des pays à haut risque seront mises en quarantaine. Il s’agit de la Chine, de l’Italie, de la Corée du Sud et de l’Iran. Des personnes venant de ces pays seront dorénavant mises en quarantaine dès leur arrivée au Congo. Il ne s’agit pas seulement des ressortissants de ces pays, mais de toute personne venant de ces pays, autrement dit, personne de nationalité congolaise ou autres », a confié à la presse Jacqueline Lydia Mikolo, ministre de la Santé et de la Population.