La conférence des pays donateurs à Nairobi ce mercredi est très attendue pour estimer l’aide financière internationale face à la sécheresse qui sévit dans la corne de l’Afrique. Au moins 12 millions de personnes sont menacées par la famine.
La course contre la montre est engagée. Les pays donateurs se sont donnés rendez-vous mercredi à Nairobi, la capitale kenyane, pour fixer le montant de l’aide internationale qui sera accordé à la corne de l’Afrique en proie à la plus grave sécheresse depuis soixante ans. La réunion qui s’est tenue lundi à Rome, au siège de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), à l’initiative de la présidence française du G20, consacrée à cette crise alimentaire, n’a débouché pour l’instant que sur des déclarations de bonnes intentions et un calendrier. Les principaux responsables de l’aide mondiale ont évoqué l’urgence à venir en aide aux populations. « Il faut une aide internationale urgente et massive », a estimé Jacques Diouf, président de la FAO. « Nous réagissons seulement quand il y a une crise. Il manque une volonté politique », a-t-il déploré. «Notre réunion ici est une question de vie ou de mort pour des dizaines de milliers de personnes », a indiqué Bruno Lemaire, ministre français de l’agriculture. « La population de Somalie est désespérée. Je lance un appel afin que vous puissiez aider la Somalie à ouvrir des couloirs humanitaires pour le transport de l’aide alimentaire », a de son côté déclaré le vice-Premier ministre somalien Mohammed Ibrahim.
Il manque 1,14 milliard de dollars, selon l’ONU
La situation est particulièrement inquiétante en Somalie. Deux régions du sud, contrôlées par les insurgés islamistes Shebab qui ont porté allégeance à Al-Qaïda, ont été décrétées en état de famine par l’ONU mercredi dernier. Un constat qu’ils ont rejeté affirmant que leur position est « politique ». Près de 400 tonnes de vivres ont été distribuées dimanche par le Comité international de la Croix-Rouge. Mme Josette Sheeran, la responsable du Programme alimentaire mondial (PAM), a annoncé l’ouverture d’un pont aérien ce mardi vers Mogadiscio, la capitale somalienne. Elle estime que seuls 40 % des enfants réfugiés pourraient survivre. Mais la plupart des organisations humanitaires ne sont plus autorisées par les Shebab à circuler librement sur les territoires qu’ils contrôlent. Ces derniers sont revenus sur leur décision ce lundi alors qu’il y a quelques semaines ils leurs avaient permis d’agir dans ces zones pour cause de sécheresse.
Selon l’AFP, les victimes affluent désormais dans les pays voisins touchés eux aussi par le même désastre climatique, créant des tensions avec les populations locales. Le flux quotidien des réfugiés de Somalie vers le Kenya est estimé à 1500 personnes.
Pour le moment, l’Union européenne a fixé le montant de son aide à 100 millions d’euros. La France a annoncé le doublement de la sienne, à 10 millions d’euros. L’Espagne a prévu de débloquer 25 millions, la Norvège 50 millions et le Royaume-Uni 59 millions . La Banque mondiale a, pour sa part, annoncé l’octroi de 500 millions de dollars. Or, selon les chiffres communiqués mercredi soir par l’Office de coordination des affaires humanitaires de l’ONU, il manque encore 1,14 milliard de dollars (837 millions d’euros) pour couvrir les besoins du Kenya, de la Somalie, de l’Ethiopie et de Djibouti. Ceux-ci sont évalués à 1,9 milliard de dollars pour 2011, dont 300 millions de dollars pour les deux mois à venir.