À l’issue de la COP29, l’Afrique reste déçue par l’accord sur le climat, où les promesses de financement demeurent bien en deçà des attentes, exacerbant frustrations et tensions.
Après deux semaines de négociations intenses à Bakou, la COP29 s’est conclue sur un accord censé marquer une avancée significative pour le financement climatique des pays en développement. Les pays riches ont promis de débloquer 300 milliards de dollars par an d’ici 2035 pour soutenir la transition énergétique et l’adaptation au changement climatique. Pourtant, pour de nombreux pays africains, cette annonce sonne davantage comme une défaite déguisée qu’une victoire.
Une promesse bien en deçà des attentes
Les États africains, à l’instar d’autres nations en développement, réclamaient 1 300 milliards de dollars par an. Ce montant colossal, jugé indispensable pour relever les défis climatiques, aurait permis d’accélérer les projets d’adaptation, de transition énergétique et de réduction des risques liés aux catastrophes naturelles.
Cependant, les 300 milliards promis par les pays développés représentent moins d’un quart de cette demande. Pour la représentante du Nigeria, cet engagement est tout simplement une « plaisanterie ». Les États occidentaux ont justifié cette limite par des restrictions budgétaires internes et ont exprimé l’espoir que des acteurs comme la Chine et les Émirats arabes unis participent à l’effort collectif. Une ambition qui reste purement théorique, puisque Pékin s’est contenté d’offrir une collaboration sur des prêts volontaires.
Des avancées éclipsées par les frustrations
La seule véritable percée de cette COP29 réside dans l’accord sur les crédits carbone entre États, un sujet en discussion depuis une décennie. Ce mécanisme permettra aux pays riches de financer des projets en Afrique et en Asie plutôt que de réduire leurs propres émissions de gaz à effet de serre.
Mais cette initiative, déjà considérée comme une forme de « greenwashing », suscite la colère des militants climatiques. Pour beaucoup, elle ne détourne l’attention des efforts nécessaires pour limiter le réchauffement climatique véritable. « Les pays riches achètent leur conscience écologique, sans s’attaquer aux racines du problème », déplore un activiste ougandais présent lors de la conférence.
Une transition climatique qui reste inégale
Pour les pays africains, l’accord de Bakou illustre une fois de plus l’injustice climatique à laquelle ils sont confrontés. Ces nations, qui émettent une infime partie des gaz à effet de serre, subissent de plein fouet les conséquences du réchauffement. Leurs dirigeants espéraient que la COP29 marquerait un tournant en reconnaissant l’urgence de leur situation et en répondant à leurs besoins réels.
En retour, ils se retrouvent avec des promesses jugées insuffisantes et des mécanismes financiers peu adaptés. « Ce n’est pas un soutien, c’est une redistribution des responsabilités« , critique un ministre sud-africain, soulignant que les fonds publics des pays développés ne suffiront pas et que la mobilisation du secteur privé reste incertaine.
Une COP sous tension et des perspectives incertaines
Cette conférence, marquée par des négociations tendues et des nuits blanches, reflète les fractures persistantes entre le Nord et le Sud sur la question climatique. Pour l’Afrique, la COP29 s’achève sur un goût américain, entre frustration et sentiment de trahison.
Si l’accord sur les crédits carbone représente une étape symbolique, il ne suffit pas de répondre à l’ampleur des défis climatiques. En attendant la COP30, prévue dans un an, les pays africains devront redoubler d’efforts pour se faire entendre sur la scène internationale et obtenir un financement plus juste et équitable.