Contrôle des prix du fuel en Afrique du sud : un désastre annoncé !


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Pour protéger les consommateurs, le gouvernement sud africain a décidé de fixer un prix plafond pour l’essence sans plomb. Cela peut paraître social mais en principe, ça ne finit jamais bien quand l’Etat contrôle les prix bien que ce soit facile pour les autorités de faire des « cadeaux » avec l’argent des autres.

Dans son article, Martin Van Staden, explique que ce n’est pas à l’Etat de décider d’un prix mais que c’est la loi de l’offre et de la demande qui permet de fixer les prix en fonction de la rareté du produit. Ainsi en Afrique du Sud, au lieu de fausser les repères du marché, l’Etat devrait commencer par réduire les taxes faramineuses sur les carburants et réduire son train de vie.

Le ministère de l’Énergie a déclaré qu’il envisageait de fixer un prix maximal admissible pour le carburant sans plomb 93 comme mesure d’allégement au profit des Sud-Africains étouffés par les hausses incessantes du prix de l’essence au cours des derniers mois. Si l’intention semble louable en apparence, un avertissement s’impose : les contrôles des prix entraînent systématiquement des conséquences inattendues bien pires que les problèmes qu’ils sont censés résoudre au départ.

Un prix du carburant déjà contrôlé

Le prix du carburant en Afrique du Sud est déjà administrativement contrôlé. Le prix du carburant ne diffère qu’entre les provinces côtières et celles de l’intérieur du pays. Dans d’autres pays, vous pourriez payer un prix complètement différent à chaque station-service, car c’est le marché qui détermine le prix du carburant au lieu de le laisser à la discrétion du gouvernement. En règle générale, le gouvernement augmente (et plus rarement abaisse) le prix du carburant en fonction de ce qu’il pense souvent à tort des désirs des opérateurs intervenant sur le marché. Si, toutefois, le gouvernement adopte un système interdisant au carburant  sans plomb 93 de dépasser un certain prix, le marché sera encore plus faussé qu’il ne l’est actuellement.

Un marché faussé !

Pour rappel, un prix est non seulement un outil pour mesurer la valeur d’un produit, mais également un signal, sans doute le signal le plus important dans le fonctionnement de toute économie moderne, notamment à l’échelle de la demande. Lorsqu’un produit recherché affiche un prix bas, c’est un signal qui indique aux consommateurs qu’il existe une offre importante de ce produit et donc qu’ils peuvent l’acheter en grande quantité. Quand le prix augmente, les consommateurs reçoivent un signal de rareté. Voici comment un marché gère la pénurie de ressources: les ressources relativement rares sont plus chères pour décourager la demande excessive, et les ressources relativement abondantes deviennent moins chères pour décourager l’offre excédentaire.

Comme l’économiste Ludwig von Mises l’avait écrit: «L’interférence du gouvernement dans la fixation du prix d’un produit de base restreint l’offre disponible à la consommation. Ce résultat est contraire aux intentions qui ont motivé la fixation d’un prix plafond. » M. Von Mises conclut: « Le gouvernement a voulu faciliter l’obtention du bien en question, mais son intervention se traduit par une contraction de l’offre produite et mise en vente.»

Les contrôles des prix empêchent le mécanisme du marché (loi de l’offre et de la demande) de bien fonctionner. Bien que nous puissions tous souhaiter que les produits rares soient plus abordables, le marché libre est là pour nous avertir que si nous achetons trop de ce produit, il en résultera une pénurie. Le prix plus élevé nous oblige à y réfléchir à deux fois. Lorsque le gouvernement, en tant qu’acteur non économique improductif, intervient et impose artificiellement un prix plancher ou un prix plafond, le marché n’est plus en mesure d’envoyer aux consommateurs un signal pertinent et fiable. Ainsi, lorsque la situation au Moyen-Orient entraîne une baisse des approvisionnements en pétrole ou lorsque le transport vers d’autres régions devient plus onéreux, le prix du carburant est plus élevé. Avec un prix plafond fixé, le carburant dont nous disposons se volatilisera des pompes et ne sera finalement pas remplacé car le coût des nouveaux approvisionnements n’aura pas été couvert, en raison du maintien artificiel d’un prix bas.

Comment baisser le prix sans fausser le marché ?

Le gouvernement peut toutefois réduire considérablement le prix du carburant sans s’ingérer nécessairement dans les processus de marché. Quarante pour cent de ce que nous payons actuellement pour le carburant n’a rien à voir avec le carburant, mais tout simplement avec la politique. La taxe sur les carburants, apparemment utilisée pour entretenir et construire des routes, et la taxe du Fonds pour les accidents de la route, qui finance une institution en faillite et en train de s’effondrer, entraine une augmentation de 6,74 rands par rapport au prix brut du carburant. Ainsi, si le gouvernement éliminait ces prélèvements, actuellement nous pourrions payer 10,10 rands le litre de carburant sans plomb 93 ; et aucun contrôle des prix ne serait nécessaire!

Malheureusement, il est fort peu probable que le gouvernement élimine ces taxes. Il semble que le fardeau ne repose que sur les citoyens, qui doivent toujours «se serrer la ceinture», alors que le gouvernement continue de dépenser de plus en plus d’argent dans une lourde administration toujours grandissante. Le président Cyril Ramaphosa est récemment allé jusqu’à annoncer, lors du sommet sur l’emploi, qu’il n’y aurait pas de pertes d’emplois dans le secteur public, alors que notre économie a désespérément besoin d’une fonction publique considérablement réduite et allégée.

Les Sud-Africains devraient faire attention à ne pas applaudir de nouvelles interventions  gouvernementales dans l’économie qui aurait pour objectif de corriger un problème causé par d’autres interventions gouvernementales. Il faut bien au contraire que le gouvernement se retire de l’économie. Une économie croissante, dynamique et libre en sera le résultat inévitable.

Martin Van Staden, analyste pur The Free Market Foundation.

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