
Les consultations politiques en vue de la formation du prochain gouvernement d’union nationale en République démocratique du congo (RDC) débuteront ce lundi 24 mars à Kinshasa. L’annonce a été faite le samedi 22 mars par Espoir Mansamanki, directeur de cabinet de Désiré-Cashmir Kolongele Eberande, conseiller spécial du Président Félix Tshisekedi en matière de sécurité.
L’idée de la création d’un gouvernement d’union nationale émise fin février par le Président congolais, Félix Tshisekedi, continue de faire son chemin. La personne chargée de conduire les consultations en vue de la constitution de la nouvelle équipe gouvernementale, le conseiller spécial Désiré-Cashmir Kolongele Eberande, est entrée dans son rôle. Ce samedi, son directeur de cabinet, Espoir Mansamanki, s’est exprimé devant la presse pour apporter quelques précisions.
Qui sont les parties prenantes ?
Espoir Mansamanki a d’abord indiqué que les consultations politiques préalables à la formation du gouvernement d’union nationale seront ouvertes à Kinshasa, ce lundi. Quatre grandes catégories d’acteurs sont concernées par ces consultations :
- la majorité parlementaire issue de l’Union sacrée de la nation ;
- les partis d’opposition, qu’ils soient représentés au Parlement ou non ;
- la société civile, incluant les confessions religieuses ;
- des personnalités indépendantes, parmi lesquelles d’anciens candidats à la présidentielle et d’anciens responsables publics.
L’ancien Président Joseph Kabila est également invité à participer à ces consultations. « En sa qualité d’ancien chef de l’État, il fait partie de cette catégorie d’acteurs pouvant être consultés », a précisé Espoir Mansamanki. Toutefois, en raison des relations tumultueuses entre le Président Tshisekedi et son prédécesseur, accusé d’être derrière la rébellion de l’AFC/M23, il est peu probable que Joseph Kabila participe à ces consultations, tout comme son parti, le PPRD (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie), dont certains responsables ont récemment été auditionnés par l’auditorat militaire.
Un cadre fondé sur des principes clés
Les consultations politiques reposent sur plusieurs principes fondamentaux parmi lesquels :
- la suprématie de la Constitution ;
- l’unité nationale ;
- l’intangibilité des frontières ;
- la souveraineté nationale ;
- le respect des institutions établies ;
- la gouvernance inclusive et participative.
Concernant les membres de la rébellion AFC/M23, soutenue par le Rwanda, leur participation n’est pas exclue, à condition qu’ils acceptent les principes énumérés, notamment l’intangibilité des frontières et l’intégrité territoriale de la RDC.
Une initiative controversée
Si le pouvoir met en avant l’importance de ces consultations pour garantir l’unité et la stabilité de la RDC, l’opposition reste sceptique. Plusieurs leaders politiques dénoncent une manœuvre visant à consolider le pouvoir du Président Tshisekedi plutôt qu’à résoudre la crise politique et sécuritaire que traverse le pays.
« Ceux qui viendront sont ceux qui veulent voir le Congo rester un et indivisible, tout en respectant la Constitution et d’autres principes », a affirmé Espoir Mansamanki, insistant sur le caractère inclusif de ces consultations. Il a notamment invité l’opposant Moïse Katumbi ainsi que d’autres figures de l’opposition à y participer. Depuis l’émission de l’idée des consultations politiques en vue de la formation d’un gouvernement d’union nationale, la position de Moïse Katumbi et d’autres personnalités comme Martin Fayulu ou encore Joséphine Mumba Sesanga était déjà claire. Ils ont rejeté la proposition, estimant que toute initiative de cohésion nationale devrait être encadrée par la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC).
Perspectives et attentes
L’objectif affiché de ces consultations est de parvenir à un consensus permettant la formation d’un gouvernement inclusif, capable de répondre aux défis politiques, économiques et sécuritaires du pays. Le programme détaillé des échanges sera communiqué dans les jours à venir, a indiqué Espoir Mansamanki. Toutefois, le succès de cette initiative dépendra de la participation effective de tous les acteurs concernés et de la volonté du gouvernement d’intégrer les propositions issues de ces consultations dans ses politiques futures.