
En RDC, le conseiller spécial du Président Félix Tshisekedi en matière de sécurité, Désiré-Cashmir Eberande Kolongele, conclut ce mardi sa mission, laquelle lui demandait de conduire des consultations politiques auprès de toute la classe politique du pays – majorité et opposition – en vue de la formation d’un gouvernement d’union nationale, gage de succès dans la guerre qui se déroule à l’est du pays. Mais, au bout de deux semaines d’échanges, le moins qu’on puisse dire, c’est que l’objectif n’est pas atteint.
Samedi 22 février 2025. Alors que le M23 avance à pas de géant à l’est de son pays, Félix Tshisekedi reçoit les responsables de sa majorité, l’Union sacrée. Et crache ses vérités.
Félix Tshisekedi distingue des ministres pro-actifs et des ministres apathiques
Face à ces alliés, le Président se lâche : il ne comprend pas que certains membres de sa famille politique soient sans réaction alors que les rebelles gagnent du terrain. Pendant ce temps, d’autres n’attendent même pas des instructions avant de descendre sur le terrain appeler à la mobilisation face à l’ennemi. C’est à cette catégorie qu’appartiennent des ministres comme Jean-Pierre Bemba du Transport, Jean-Pierre Lihau de la Fonction publique, Guy Loando de l’Aménagement du Territoire, que Félix Tshisekedi a nommément cités.
Pour le Président congolais, il y a nécessité de revoir l’équipe gouvernementale en formant un gouvernement d’union nationale, seule solution selon lui pour venir à bout de la rébellion du M23 soutenue par le Rwanda. Afin d’y parvenir, il fallait lancer des consultations avec tous les acteurs politiques du pays. Six jours plus tard, à l’occasion du conseil des ministres du vendredi 28 février 2025, le Président Tshisekedi a confié cette mission à son conseiller spécial, Désiré-Cashmir Eberande Kolongele.
Deux semaines d’échanges sans les leaders de l’opposition
Suite à la désignation de Désiré-Cashmir Eberande Kolongele, l’opposition dure a aussitôt exprimé son désaccord. Martin Fayulu, Moïse Katumbi et Joséphine Mumba Sesanga ont très vite rejeté la proposition, estimant que toute initiative de cohésion nationale devrait être encadrée par la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC). Pour l’opposition, participer à ces consultations, c’est contribuer à légitimer le pouvoir congolais qui, à ses yeux, n’a aucune légitimité. Malgré cette position catégorique de l’opposition, les consultations ont été ouvertes le 24 mars. À la fin, les échanges voulus nationaux ne l’ont pas été puisque l’opposition n’y a pas participé. En dehors de l’Union sacrée, ils ont connu la participation des religieux, de la société civile et de quelques personnalités indépendantes. Au total, l’union nationale appelée par le Président Tshisekedi est loin d’être obtenue.
Quel sera alors le nouveau visage du gouvernement ?
La grande interrogation qui s’impose à l’esprit à l’issue de ces consultations est celle de savoir quel sera le nouveau visage du gouvernement. Ce qui est évident, c’est que l’opposition ne s’y retrouvera pas. Du coup, l’objectif de former un gouvernement d’union nationale ne sera pas atteint. Félix Tshisekedi sera obligé de composer une fois encore presque essentiellement avec les membres de sa famille politique.
À quoi auront alors servi ces consultations si c’est pour un tel résultat ? Le gouvernement n’aurait-il pas mieux fait de tenir compte de l’avis de l’opposition en organisant avec les responsables religieux un dialogue national inclusif si tant est que son objectif réel est la cohésion nationale ? Au-delà de toute considération politique, la question de l’unité nationale devrait être au cœur de toutes les préoccupations dans un pays aujourd’hui contrôlé en partie par un mouvement rebelle. La RDC a vraiment besoin d’obtenir l’unité véritable de ses fils pour faire front contre l’ennemi commun.