Le Maroc entend bien profiter du pacte « euro-méditerranéen » qui se dessine entre les deux rives dans le domaine de l’audiovisuel.
La presse marocaine a réservé un large écho aux débats importants qui ont marqué les trois journées de la 2ème conférence audiovisuelle du Partenariat euro-méditerranéen, organisée à Rabat à l’initiative conjointe du Royaume du Maroc et de l’agence européenne Eurêka Audiovisuel, dirigée par Sylvie Forbin, et sous l’égide de la présidence française de l’Union européenne, représentée lors de la séance d’ouverture par le directeur général de la Coopération internationale et du développement, Bruno Delaye, et par le directeur général de la DG 10 de la Commission européenne, Jean-Michel Baer.
La conférence réunissait des représentants des administrations mais aussi des entreprises audiovisuelles de tous les pays de l’Union européenne, France, Italie, Espagne en tête, et de la plupart des pays du « Partenariat euro-méditerranéen », Maroc, Algérie, Tunisie, Egypte en tête. Les interventions du nouveau secrétaire d’Etat marocain chargé de la poste et des technologies de l’information et de la communication, Nasser Hajji, furent tout particulièrement suivies, et marquèrent fortement la volonté du royaume marocain de développer rapidement, en s’appuyant sur l’essor de la téléphonie, un paysage audiovisuel plus diversifié, donc plus fort.
Quotas méditerranéens ?
En réponse à la déclaration sans ambage du représentant du Conseil supérieur de l’audiovisuel français, Olivier Zegna Rata, directeur de cabinet du président Hervé Bourges, et qui déclarait dans les colonnes du quotidien marocain Libération (17 septembre 2000) « Si aujourd’hui un pays ne développe pas ses médias audiovisuels, il est de fait colonisé par les images », Nasser Hajji montra qu’il avait une pleine conscience des enjeux culturels et sociaux liés à l’essor des communications : « La question de l’audiovisuel n’est pas seulement une question économique, c’est aussi une question d’identité, de culture, c’est ce qui donne à ce thème sa richesse, sa diversité et son importance. » (Libération, 18 septembre 2000).
De fait c’est bien la question de la création, de sa vitalité, de son financement, de son encadrement, qui a été au coeur des discussions. Comment faire pour que l’exception culturelle européenne s’ouvre un peu, fraternellement, à l’expression audiovisuelle du Maghreb et des Pays du Sud. En réponse aux interventions pleines d’humour et de justesse des cinéastes algériens Mohammed Lakhdar Amina et Ahmed Rashidi, Pascal Rogard, représentant du cinéma français, n’a pas hésité à proposer que les quotas d’oeuvres européennes imposés aux télévisions de l’Union soient ouverts aux autres pays de la Méditerranée.
Une telle proposition marquait bien la dynamique qui ressort de ces journées : une volonté clairement exprimée par les professionnels de travailler ensemble à renforcer l’audiovisuel du Maghreb, en renforçant la lutte pour la diversité culturelle lors des négociations internationales programmées au sein de l’OMC ou de l’UNESCO. De leur côté, les institutionnels se sont offerts à collaborer pour que les pays du Maghreb puisse se doter, pour renforcer leur propre création et leur vitalité audiovisuelle, de mécanismes de financement et de régulation comparables à ceux des pays européens. Afin de faciliter ensuite, par des procédures adéquates, une meilleure circulation des oeuvres du sud de la Méditerranée dans les pays du Nord !