Après son périple africain en février dernier, qui l’a conduit successivement en Éthiopie et au Sénégal, le premier ministre canadien Justin Trudeau a tenu à rencontrer le corps diplomatique africain accrédité auprès du Canada, ainsi que les leaders des communautés d’origine africaine, pour échanger avec eux.
La rencontre a eu lieu le mardi 25 février 2020 à l’Édifice Leaster B. Pearson du ministère des Affaires mondiales Canada, dans une ambiance chaleureuse et conviviale, ponctuée par des salves d’applaudissements. À la fin de la soirée, Justin Trudeau a pris le temps de serrer la main à tous ceux qui étaient dans la salle et d’échanger brièvement quelques mots avec eux.
Le Premier ministre canadien qui était entouré de ses trois ministres qui l’avaient accompagnés en Afrique, notamment François-Philippe Champagne des Affaires étrangères, Mary Ng de la Petite Entreprise, de la Promotion des exportations et du Commerce international, et Ahmed Hussen de la Famille, des Enfants et du Développement social, a tenu un discours d’ouverture sur l’avenir de relations fructueuses et étroites entre le Canada et les pays africains.
D’entrée de jeu, Justin Trudeau a parlé de sa vision des relations avec les pays d’Afrique, qui reposent sur le partenariat pour promouvoir le commerce en tant que moteur de croissance économique et du développement, en particulier en termes d’investissements dans les petites et moyennes entreprises qui sont plus susceptibles de créer des emplois, des activités productrices de revenus et la prospérité pour les citoyens. Le Premier ministre canadien a profité de l’occasion pour rappeler à ses invités que le Canada est un partenaire de longue date de pays africains.
En effet, depuis les années 1960 que la plupart des pays africains ont accédé à l’indépendance, le Canada a toujours collaboré étroitement avec ceux-ci, tant sur le plan des relations bilatérales que sur le plan multilatéral, notamment au sein des organisations intergouvernementales telles que le Commonwealth et la Francophonie, où sa contribution est par ailleurs importante et substantielle au budget annuel de celles-ci. Il faut noter que presque la quasi-totalité des pays africains sont membres de l’une ou l’autre de ces deux organisations. Inutile de rappeler également le rôle prépondérant joué par le Canada pour mettre fin de l’apartheid en Afrique du Sud.
Dans le discours du Premier ministre canadien, il a également été question de la candidature du Canada, qui est en concurrence avec la Norvège et l’Irlande, pour un de deux sièges disponibles de membre non-permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies pour 2021-2022.
L’Afrique est l’un des principaux points chauds du monde et un terrain des grands enjeux économiques pour les puissances qui façonnent la géopolitique mondiale actuelle : les États-Unis, l’Europe occidentale, la Chine, la Russie, l’Inde, la Turquie, pour ne citer que ceux-là. Sans nul doute, cela n’est pas sans conséquence avec les foyers de tensions permanentes et l’instabilité de la situation sécuritaire qui y règne dans ce continent.
En effet, les conflits violents et les guerres civiles qui sévissent dans plusieurs pays africains, notamment dans la région des Grands Lacs africains (République démocratique du Congo, Rwanda, Burundi, Ouganda), dans la région du Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad), dans la Corne de l’Afrique (Soudan, Sud-Soudan et Somalie), au Nigeria, au Cameroun, en République centrafricaine, etc., non seulement détruisent aveuglément des millions de vies humaines, tout en provoquant des déplacements massifs de populations vulnérables, mais surtout avalent indéniablement une grande partie des budgets nationaux de ces pays. Des maigres budgets qui auraient pu être alloués à des programmes de santé, d’éducation, d’infrastructures, nécessaires pour soutenir le développement économique en faveur du bien-être social de leurs populations.
Dans un monde où se multiplient les folies des puissants et les foyers de tensions qui risquent de dégénérer en conflit armé dévastateur, aux conséquences désastreuses pour l’humanité, les efforts des pays comme le Canada qui recherchent la paix et la sécurité pour tous devient une exigence de plus en plus forte pour tous les citoyens du monde.
Le concept même du maintien de la paix qui fut amorcé lors de la crise du canal de Suez en 1956 et qui a abouti à la création des Casques bleus des Nations Unies, est une puissante idée de l’ancien Premier ministre du Canada, Lester B. Pearson. Ce dernier avait bien compris à temps de la nécessité de la notion de sécurité collective. Aujourd’hui, le Département des opérations de maintien de la paix des Nations unies joue un rôle important pour le déploiement des forces militaires et policières pour le maintien de la paix dans le monde.
C’est encore un Canadien, John Humphrey, qui a été un des principaux promoteurs de la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH), un instrument d’une importance majeure et une source d’inspiration théorique des instruments internationaux contraignants relatifs aux droits de l’homme.
C’est aussi le Canada qui conçu le concept de la « Responsabilité de protéger », dans les cas où un État n’assure pas la protection de ses propres citoyens contre les pires atrocités et autres violations massives des droits de la personne.
Il ne fait aucun doute que le Canada attache une grande importance à la contribution des Nations unies au maintien de la paix dans le monde et au respect international du principe de la primauté du droit, de la justice et de la protection des droits de la personne.
La contribution du Canada aux efforts de maintien de la paix ailleurs dans le monde, sous la bannière des Nations Unies, tient à la conviction qu’ont les Canadiens que la stabilité internationale est essentielle à la paix et à la sécurité à long terme de notre pays.
Un siège au Conseil de sécurité s’accompagne d’importantes responsabilités et offre la possibilité au Canada d’exercer une influence, étant donné que c’est le Conseil de sécurité qui détermine comment le système des Nations Unies devrait réagir aux conflits dans le monde et c’est lui qui autorise les opérations de maintien de la paix.
Aujourd’hui encore plus qu’hier, l’Afrique et le monde ont intérêt à avoir une voix pacifiste et consensuelle, comme celle du Canada, à la table du Conseil de sécurité des Nations Unies, pour promouvoir la paix et la sécurité internationale. Une voix qui porte en faveur et au renforcement du multilatéralisme et du rôle prépondérant des Nations unies pour le règlement pacifique des conflits.