Une étude statistique menée à Brazzaville indique le rôle de la dévaluation du CFA, en 1994, dans la dégradation de la nutrition. Les jeunes enfants sont les premières victimes d’une crise aggravée par l’instabilité politique.
Décidée en 1994, la dévaluation de 50 % de la valeur du franc CFA a provoqué brusquement le doublement du coût de la vie dans les pays d’Afrique de l’Ouest faisant partie de la zone CFA. Deux ans plus tard, le laboratoire de nutrition de l’Institut de recherche sur le développement (IRD) a enquêté à Brazzaville pour mesurer l’impact de cette mesure sur la qualité de l’alimentation des citadins congolais.
Opérant pour le compte de l’OMS, les enquêteurs ont pu disposer d’une base de comparaison. Il se sont appuyés, en effet, sur les résultats d’une première étude menée en 1993 sur l’état nutritionnel des jeunes enfants et de leur mères. Il ressort de leur travail, conduit auprès de 2 000 familles vivant à Brazzaville, que la taille et le poids des enfants de cette ville ont été largement affectés par la crise. Les nourrissons, notamment, ont été moins nombreux à bénéficier d’aliments adaptés à leur âge, et plus souvent nourris à partir du plat préparé pour toute la famille. Chez leurs mères, la perte moyenne de poids atteint trois kilos en trois ans.
Solidarité en temps de paix
Toutes les couches socio-économiques ont été touchées par cette dégradation de la situation alimentaire à Brazzaville après 1994. Cependant, une étude similaire menée à Dakar signale une évolution tout à fait stable après la dévaluation. Pour Yves Martin-Prével, coordinateur de l’étude au Congo, » les prix au Sénégal ont grimpé autant qu’au Congo, mais l’entraide entre les familles dakaroises a été plus efficace. Dans les pays en crise politique, les gens sont plus isolés et les solidarités se défont. «
L’instabilité qui a touché le Congo a été, en réalité, un facteur aggravant des difficultés économiques. On sait depuis toujours que les guerres affectent par rebond l’ensemble d’une société. En voilà une nouvelle preuve.