
Si oui, tant mieux. Elle aura duré bien trop longtemps : plus de trente ans.
Et pourtant, certains signes – à prendre avec prudence mais non sans espoir – laissent entrevoir une possible sortie de crise pour cette guerre aussi meurtrière qu’interminable. Et si, étonnamment, elle avait attendu les États-Unis, encore une fois, pour en précipiter la fin, comme ce fut déjà le cas lors de la Seconde Guerre mondiale ? L’Histoire semble parfois se plaire à se répéter.
Une guerre lointaine… et ignorée
Dans son ouvrage La guerre mondiale africaine, publié en 2014, l’auteur Noël Ndanyuzwe rappelle que, dès 2011, l’ambassadrice américaine Susan Rice qualifiait le conflit qui ravage la région des Grands Lacs depuis 1990 de « première guerre mondiale africaine ».
« Lorsqu’on comptabilise le nombre de pays engagés, on ne peut pas dire le contraire », écrit-il.
Il pointe notamment l’implication de puissances occidentales, en particulier les États-Unis et le Royaume-Uni, dans le soutien indirect aux seigneurs de guerre que sont Yoweri Museveni et Paul Kagame.
Déjà, en avril 2000, Le Monde évoquait cette guerre en ces termes : « La République démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre) et les neuf pays qui l’entourent couvrent un territoire qui est peut-être le plus riche de la planète : il y a là des diamants, du pétrole, de l’uranium, de l’or, beaucoup d’eau, des terres fertiles et une merveilleuse vie sauvage. C’est aussi aujourd’hui le plus grand champ de bataille de l’histoire africaine, l’objet d’un conflit auquel on a déjà donné le nom de “première guerre mondiale d’Afrique”. »
Selon Les Échos, en mars 2017, le bassin du Congo est le théâtre d’un conflit « méconnu et pourtant l’un des plus meurtriers de la planète depuis des décennies ». Entre 1998 et 2003, huit États s’y sont affrontés : Zimbabwe, RDC, Angola, Namibie, Tchad, Rwanda, Ouganda, Burundi.
Le déclenchement de la guerre trouve son origine dans les séquelles du génocide rwandais de 1994 et la lutte acharnée pour le contrôle des richesses minières du Kivu.
Parmi les nombreux travaux sur le sujet, on ne peut ignorer celui du chercheur Filip Reyntjens, La grande guerre africaine – Instabilité, violence et déclin de l’État en Afrique centrale (1996–2006), qui reste une référence incontournable.
Aujourd’hui encore, plusieurs pays sont impliqués, directement ou indirectement, dans ce conflit qui aurait causé – selon certaines estimations – entre 15 et 20 millions de morts depuis les années 1990, si l’on prend en compte les victimes recensées comme celles restées invisibles ou volontairement occultées.
Des signes d’espoir ?
Dans toutes les guerres, les flambées de violences sont souvent les prémices de basculements. C’est peut-être ce que nous observons actuellement.
À l’Est de la RDC, les affrontements militaires semblent s’essouffler au profit de manœuvres diplomatiques. Les États-Unis montrent un intérêt plus marqué pour un retour à la paix. L’Union européenne et l’ONU suivent la même ligne. Des résolutions, des sanctions – même symboliques – s’abattent progressivement sur les instigateurs de la guerre.
Des médias internationaux et l’opinion publique commencent à lever le voile sur la vraie nature de ce conflit, longtemps dissimulée par des intérêts mafieux et stratégiques.
Les voix se multiplient, au Congo, en Afrique et ailleurs, pour exiger l’arrêt d’une guerre qui, depuis trois décennies, tue des civils désarmés, viole les femmes, déplace des millions de personnes livrées à elles-mêmes, prive les enfants de soins, d’éducation, de perspectives.
Mon Dieu, il doit s’arrêter.