Voici maintenant plusieurs mois que le parti du chef d’Etat du Congo, le PCT, ne cesse de défrayer la chronique autour de la rumeur selon laquelle la Constitution pourrait être modifiée. Qu’en est-il réellement ?
Le second mandat de Denis Sassou Nguesso arrive à échéance en 2016. Le principal parti de l’opposition congolaise, l’UPADES, a appelé Barack Obama, dimanche 3 août, à exhorter le Président congolais à ne pas « falsifier » la Constitution. Lors d’une interview accordée à RFI, le 4 août, Sassou Nguesso assure ne pas être à l’origine de cette rumeur, et affirme que c’est le peuple qui s’exprimera, par le biais d’un referendum. « Cela dépend de la volonté populaire et la Constitution, si elle doit être changée, ne peut l’être qu’à travers un referendum », a-t-il dit.
De son côté, Barack Obama a lancé un message à l’adresse des dirigeants africains réunis du 4 au 6 août au Sommet Etats-Unis/Afrique : « Quand un homme ou une femme reste trop longtemps au pouvoir, il ou elle agit surtout pour durer et non pour le bien du pays ».
La rumeur d’une probable modification de la Constitution pour permettre à Sassou Nguesso de briguer un nouveau mandat, alors qu’il a atteint le plafond autorisé et la limite d’âge, angoisse l’opposition congolaise ainsi que des citoyens et la diaspora congolaise. Sassou Nguesso « essaie de justifier la révision par l’essoufflement du cycle constitutionnel africain débuté dans les années 90 », a expliqué à RFI Placide Moudoudou, professeur de droit constitutionnel et conseiller de Sassou
Une « démocratie électoraliste »
« Bien que le Congo soit un pays producteur de pétrole, il faut souligner que la gestion de la production pétrolière ainsi que la répartition des recettes ne profitent qu’à une poignée d’hommes. Pourtant, les priorités au Congo sont nombreuses. Par exemple, depuis plus de deux décennies, l’eau et l’électricité sont perçues comme un luxe », lance cet observateur.
« Officiellement, le pays est un Etat démocratique, dans lequel se déroulent des élections libres et transparentes . Mais en réalité, le pays ressemblerait plus à une démocratie électoraliste », selon M. Nkouka, éditorialiste congolais. Il affirme que l’engouement démocratique s’est éteint avec le coup d’Etat d’octobre 1997 qui a conduit à la chute de Pascal Lissouba. « En prenant le pouvoir par les armes, Denis Sassou Nguesso a abrogé la Constitution de 1992, approuvé à l’époque par 95% de la population ».
Quand la diaspora s’en mêle
Au sein de la diaspora, les commentaires vont bon train. D’après elle, il semblerait qu’entre réviser ou changer de Constitution, les autorités aient choisi la seconde option. Eden, une ressortissante congolaise vivant à Paris, affirme que « tout le monde redoute la guerre, car Sassou ne cédera jamais le pouvoir. Le sang de Congolais innocents va une nouvelle fois couler », déplore-t-elle.
« La volonté de la majorité silencieuse serait que Sassou Negusso quitte le pouvoir, car il n’y a pas de paix véritable au Congo, mais une paix des armes, lance Lionel, membre de la diaspora congolaise à Paris. Les citoyens vivent dans la peur et souvent, dans des conditions déplorables. Le tissu économique du pays est en lambeaux, et ce, malgré les discours mirobolants du gouvernement qui assure une croissance à deux chiffres et qui n’a aucune répercussion sur la vie des citoyens », conclut ce père de famille expatrié.