Congo : pas à pas, l’économie se diversifie


Lecture 4 min.
Plantation de palmiers à huile au Congo
Plantation de palmiers à huile au Congo

Alors que les festivités liées au 55e anniversaire de l’indépendance nationale touchaient à leur fin dans le département de la Sangha, le président congolais, Denis ?Sassou? N’guesso a visité, ce dimanche 16 août 2015, l’usine de production d’huile de palme de la société Eco-Oil Énergie Congo dans la Communauté urbaine de Mokeko, située à 15 km de Ouesso.

Cette visite présidentielle à Mokeko est emblématique de la relance d’une filière à l’arrêt depuis plus de vingt ans. Les effets positifs attendus sur l’économie du pays sont aussi nombreux qu’importants.

Née d’un partenariat entre l’État et le secteur privé, la compagnie Éco-Oil Énergie Congo s’emploie depuis plus d’une année à relancer les palmeraies et les huileries autrefois gérées par la société Sangha palm et la Régie nationale des palmeraies du Congo (RNPC) dans la Sangha et la Cuvette congolaise. Ses dirigeants affichent de grandes ambitions. L’objectif, en effet, n’est pas de limiter la transformation à la production d’huile brute, mais de recréer une véritable filière. « Nous allons produire de l’huile brute, de l’huile de palme raffinée, de l’huile palmiste, de la margarine, des produits cosmétiques, du savon et aussi du biocarburant », déclare Omar Mambo, directeur général d’Eco-Oil Energie.

La relance de la production d’huile de palme

La compagnie a signé une convention d’exploitation avec le Gouvernement congolais afin d’exploiter sur une durée de 25 ans quelques 50 000 hectares (dont 40.000 dans la Sangha – à Mokéko et Kandéko, près de Ouesso – et 10.000 dans la Cuvette – à Owando – et la Cuvette Ouest – à Etoumbi). Sur cette superficie totale, 45 000 hectares seront consacrés à la production de biodiesel destiné à l’exportation.

D’ores et déjà, Eco-Oil Energie SA, la société malaisienne « mère » dont Eco-Oil Energie Congo est une filiale, peut considérer son expérience congolaise comme une « success story ». Un an seulement après son installation, l’entreprise a réussi à porter son niveau annuel de production d’huile de palme à 20 millions de litres. « C’est le signe que, partout au Congo aujourd’hui, le terreau est propice à l’investissement comme à l’entrepreneuriat », en conclut un opérateur économique, actif lui aussi dans la Sangha.

De gros investissements pour de grandes ambitions

Pour y parvenir, les promoteurs du projet n’ont pas lésiné sur les moyens. Plus de 50 milliards de Francs CFA ont été investis. Eco-Oil Énergie Sa Malaisie a apporté une grande partie de l’investissement en fonds propres afin d’assurer l’installation et le démarrage des activités. Le reste a été financé au niveau domestique par deux groupes bancaires implantés au Congo, BGFI Bank et Ecobank, qui ont débloqués les montants nécessaires aux besoins de l’exploitation.

« Le projet d’Eco-Oil Énergie Congo est emblématique de la volonté du Gouvernement congolais de relancer la filière de production du palmier à huile », un secteur « crucial pour le développement du pays », nous confie un spécialiste en agronomie basé à Pointe-Noire. Aux côtés d’Eco-Oil, d’autres entreprises se sont lancées dans l’aventure. C’est le cas notamment d’Atama Plantation Sarl (détenue à 51 % par le Malaisien Wah Seong Corporation Berhad) et de sa filiale Lexus Agric, mais aussi d’ENI Congo, qui a financé une étude aux conclusions favorables.

Toutes entendent aujourd’hui développer le secteur avec l’appui de l’État concessionnaire. C’est ainsi que dans un avenir proche, d’autres palmeraies pourraient à leur tour voir le jour en zones de savanes, notamment à Kibangou dans le département du Niari ou encore à Mbé dans le nord du département du Pool.

Les enjeux de la diversification

Si les autorités congolaises portent une attention particulière à ces projets, c’est que les enjeux – multiformes – sont cruciaux pour l’avenir du pays. Il s’agit bien sûr d’approfondir et diversifier le tissu économique local, le rendant ainsi moins dépendant de la rente pétrolière.

Mais il s’agit aussi aussi de renforcer le secteur privé et garantir l’indépendance alimentaire (les besoins en huile de palme du pays, estimés à environ 50.000 tonnes par an, seraient amplement satisfaits en cas de réalisation de l’ensemble de ces projets). Et, bien entendu, de créer des emplois dans une optique de développement durable (toutes les dispositions ont été prises pour protéger l’environnement, sous le regard attentif des ONG).

À terme, le seul projet d’Eco-Oil Énergie Congo dans la Sangha pourrait aboutir à la création de 1.000 emplois directs et de 2.000 à 4.000 emplois indirects supplémentaires. Un chiffre important à l’échelle du pays.

Plantation de palmiers à huile au Congo

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News