11èmes Jeux Africains / En attendant Kintélé… Pour les Congolais de Brazzaville, les Jeux Africains de « Kintélé » riment avec plus de mobilité…
Des infrastructures de communication spectaculaires sont apparues, de nature à modifier pour longtemps les modes de circulation dans la capitale congolaise et à structurer le développement urbain de sa périphérie.
J-2 avant le début officiel des 11èmes Jeux Africains de Brazzaville. Pour tenir leur pari et organiser en temps et en heure l’événement sportif de l’année sur le continent africain, les autorités congolaises se sont lancées dès 2013 dans une véritable course contre la montre. À quelques heures désormais du début des compétitions, le défi est en passe d’être relevé. Les infrastructures sportives ont été livrées. Les places d’hébergement, dédiées aux sportifs comme aux spectateurs, sont disponibles en nombre suffisant. Mais tout ce monde-là doit également être transporté. Fort heureusement, les autorités ont tout prévu afin que l’événement soit succès.
Ce dimanche 30 août, c’est un Denis Sassou N’Guesso, souriant et détendu, qui foule le bitume flambant neuf, une paire de ciseaux à la main. Quelques secondes plus tard, le ruban est coupé. Après plus de deux ans de travaux, le Viaduc Talangaï-Kintélé est inauguré. Il permet de relier Brazzaville à Kintélé, situé dans la banlieue Nord de la capitale et théâtre principal des Jeux Africains du « Cinquantenaire ».
Au-delà du Viaduc, c’est un ensemble d’ouvrages qui ont été édifiés, comprenant entre autres un échangeur et une autoroute aérienne survolant les berges du fleuve Congo. Ces voies d’accès, qui peuvent être empruntées à la fois en véhicule et à pied (grâce à des trottoirs d’un mètre dix de large de part et d’autre de la chaussée) sont destinées à améliorer l’accès des sportifs et des spectateurs au site de Kintélé à l’occasion des Jeux Africains. Par la même occasion, elles devraient rendre plus fluide la circulation dans les quartiers Nord de Brazzaville.
« L’existence de ces infrastructures routières était une condition sine qua non pour l’organisation d’un tel événement. Dieu merci, elles ont été livrées à bonne date », s’exclame, soulagé, un responsable congolais. Rassuré, il peut l’être. Les études préalables ont conclu à la possibilité d’acheminer en un temps record 35 000 personnes par bus en trois rotations, 25 000 par véhicules privés individuels et plus de 12 000 par taxis.
Les Jeux comme catalyseur
La perspective de l’organisation des Jeux Africains aura également – « surtout », diront certains – eu un impact positif sur les transports urbains à Brazzaville. En effet, au début du mois de juin, une soixantaine d’autobus ont été mis en service à Brazzaville. Des dizaines d’autres devraient venir étoffer la flotte dans les prochaines semaines, dont tout ou partie des bus-navettes destinés à transporter athlètes et spectateurs durant les Jeux. « Je suis persuadé que cet événement a accéléré les choses », affirme satisfait Antonin qui a pris l’habitude de circuler en moto-taxi. « Cela me revient cher, sans parler de la sécurité, mais je n’avais pas le choix jusqu’à présent. » Pour lui comme pour d’autres Brazzavillois qui vivent la même situation, l’espoir est désormais permis.
« J’espère que cela annonce la fin de notre calvaire », soupire Mairesse, habitante du quartier de Talangaï, l’un des plus peuplés de la capitale. Et pour cause, à l’instar de l’ensemble des capitales africaines, Brazzaville est une ville très congestionnée aux heures de pointe. S’extirper des bouchons peut prendre des dizaines de minutes, parfois même au-delà d’une heure. Les autorités congolaises en sont parfaitement conscientes et ont pris la mesure du problème. C’est d’ailleurs le Président Sassou N’Guesso lui-même qui a annoncé, lors de ses derniers vœux à la Nation, la création d’une « société publique de transport urbain », destinée à mettre un terme à la fois à l’épineux problème du déplacement des populations entre Brazzaville et Pointe-Noire, ainsi qu’à celui qui se pose au sein même de chacune de ces deux villes. Dans les semaines qui ont suivi, le Gouvernement congolais a annoncé l’acquisition de 200 bus. Cet été, 150 avaient déjà été livrés, dont 82 destinés à Brazzaville et 68 à Pointe-Noire. Les autres sont en cours de réception.
Une relance globale des transports urbains
Mais « envisager un réseau de transport urbain digne de ce nom sans s’inscrire dans une démarche de développement durable est impensable aujourd’hui », affirme un élu de la municipalité de Brazzaville. Résultat : une soixantaine de Bluecars, les véhicules électriques développés par le groupe français Bolloré, ont été livrés à Brazzaville à la fin du mois de juin. Fin avril, à Pointe-Noire, Vincent Bolloré, le PDG du Groupe, avait fait la promesse d’équiper la capitale congolaise de ces véhicules 100 % électriques pour les Jeux panafricains. Ceux-ci seront mis au service du comité d’organisation ? pour le transport des délégations officielles et sportives sur le site de Kintélé. Au total, cinquante voitures électriques Bluecar, du même type que celles qui sont utilisées dans le service d’autopartage parisien Autolib’, dont leur version décapotable Bluesummer, ainsi que 14 minibus électriques, seront déployés lors de l’événement.
Une fois les Jeux Africains terminés, cette flotte de véhicules propres restera au Congo et sera mise à la disposition des populations de Brazzaville et de Pointe-Noire, tandis que les nouvelles flottes d’autobus et les kilomètres de voiries neuves structureront désormais la circulation dans la capitale. Pour les Congolais, les Jeux de Kintélé laisseront donc une trace concrète au quotidien : davantage de mobilité et plus de fluidité dans les transports urbains!