Prise de fonction manquée pour le pasteur N’tumi, ancien chef des rebelles « Ninjas » du Congo. Le leader du Conseil national des Républicains (CNR) devait se rendre à Brazzaville, ce lundi, afin de prendre ses fonctions officielles au sein du gouvernement. Suite à une intervention de l’armée, il a fait marche arrière et regagné son fief de Pool (Sud-est). La situation reste tendue ce mardi.
La prise de fonction de l’ex-chef des rebelles « Ninjas », Frederic Bintsamou alias pasteur N’tumi, n’a pas eu lieu, lundi, comme prévu. Le pasteur, chef du Conseil National Républicain (CNR) devait entrer dans Brazzaville, après 10 ans d’exil, afin de prendre ses nouvelles fonctions de « délégué général chargé de la promotion des valeurs de paix et de la répartition des séquelles de guerres » au sein du gouvernement. Il a repris le maquis, dans le département du Pool, fief de l’ex-rébellion.
l’armée a-t-elle ouvert le feu ?
Lundi, à 9h, alors qu’il s’apprêtait à entrer dans la capitale, les autorités ont sommé le pasteur N’tumi d’attendre près du pont du Djoué où il se trouvait. Une foule importante, rassemblée aux alentours du pont, s’est vue chassée dans l’après midi par l’armée congolaise en hélicoptère. Les militaires auraient ouvert le feu, faisant plusieurs blessés, selon l’AFP. Mais pour notre confrère Maurice Lemaire, journaliste pour TV5 et RFO à Brazzaville, les hélicoptères n’ont pas ouvert le feu sur la population. Ils auraient juste mener une opération de dissuasion. Il a ajouté que « quelques altercations, pas trop grave » ont eu lieu lundi soir « entre les militaires et les hommes » qui soutiennent l’ex-rebelle. On compterait « un mort du coté du pasteur N’tumi, selon des sources hospitalières », a-t-il précisé.
« Le gouvernement était d’accord pour lui accorder 30 éléments (hommes de garde), mais N’tumi n’a pas accepté ce nombre. Il en veut au moins cent », nous a expliqué Maurice Le Maire, sur place, à Brazzaville. « C’est là que se trouve la discorde. N’tumi ne pouvait pas rester dans la capitale alors que les négociations n’ont pas abouties ». Pour le gouvernement congolais, rien ne serait remis en cause. Officiellement, le pasteur a été nommé au gouvernement et il ne s’agirait que d’une question de temps avant qu’il prenne ses fonctions officielles.
N’tumi tient tête au gouvernement
L’entourage proche du pasteur N’tumi a déclaré qu’il ne pouvait pas accepter ce que le gouvernement propose. N’tumi a quant à lui précisé qu’il attendait des garanties de la communauté internationale pour entrer dans Brazzaville. Une situation en suspens et « un peu sous tension ce mardi » a expliqué le correspondant de TV5. Mais elle pourrait se débloquer avec la réunion prévue par N’tumi et son entourage, ce mardi à 16h, selon le porte parole du Pasteur.
Le retour du pasteur a été précédé quelques jours auparavant par l’arrivée massive à Brazzaville, d’ex-miliciens « ninjas » du feu Conseil National de la Résistance du Pasteur N’tumi, aujourd’hui Conseil National Républicain. Une arrivée prise au sérieux par le gouvernement qui a affirmé dans un communiqué, publié le 7 septembre « qu’aucune perturbation de l’ordre public et de la paix civile ne sera tolérée. Il demande par conséquent aux populations de la ville de Brazzaville de continuer à vaquer librement et sans inquiétude à leurs occupations».
La nomination de Frédéric Bintsimou a été signée le 27 avril dernier dans le cadre d’un accord avec le gouvernement congolais. Elle intervient dans un contexte de sortie de crise et soulève bien des questions quant à la cohabitation entre l’ex-rebelle et le gouvernement du Président Sassou. Rappelons que N’tumi a quitté Brazzaville en 1997, au moment où l’actuel chef d’Etat congolais regagnait le pouvoir. De 1998 à 2003, le pasteur N’tumi a pris le contrôle du département du Pool mais aussi celui d’un mouvement rebelle qui a affronté l’armée.
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