Une mission de dix jours au Congo a permis à Victoria Tauli-Corpuz, la rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, de livrer un rapport qui présente l’état de discrimination dans lequel se trouvent encore les peuples autochtones du Congo, en dépit de la loi de 2011.
Cantonnés dans les forêts de la République du Congo, entre autres pays d’Afrique centrale, les peuples autochtones sont, depuis longtemps, victimes d’une discrimination et d’une marginalisation persistantes. Créé le 3 mars 1994, l’Observatoire Congolais des Droits de l’Homme (OCDH) est une organisation non gouvernementale (ONG) qui milite pour la promotion et le respect des droits des minorités. Au nombre de ces minorités pour lesquelles l’OCDH se bat, il y a les populations autochtones du pays. Ainsi, l’activisme de l’Organisation a notamment contribué à l’élaboration de la loi n° 5-2011 du 5 février 2011 portant promotion et protection des droits des populations autochtones en République du Congo.
Si l’adoption de cette loi peut être valablement considérée comme une avancée majeure dans le processus de reconnaissance et de défense des droits de ces peuples – cette loi interdit par exemple l’utilisation du terme « pygmées » à connotation fortement péjorative pour désigner ces populations, proposant en ses lieu et place l’expression « peuples autochtones » -, on doit aussi admettre que son application est quasiment restée lettre morte depuis lors. C’est ce que confirment ces propos de Victoria Tauli-Corpus : « Les peuples autochtones continuent d’être victimes de discrimination, d’exclusion et de marginalisation, notamment dans leur accès aux services de santé, à l’éducation, à l’emploi et à la participation politique ».
Plus loin dans son rapport, cette experte qui a contribué à la rédaction de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones en 2007, déclare : « Au cours de ma visite, des membres de communautés autochtones m’ont parlé de la stigmatisation à laquelle ils sont confrontés lorsqu’ils cherchent à obtenir des soins médicaux. J’ai pu constater de mes propres yeux l’état désastreux des installations médicales et l’incidence élevée de maladies évitables sur leur territoire. Les services de soins de santé doivent être plus accessibles et doivent être conçus de manière à prendre en compte les questions liées au genre et à la culture ».
En un mot, les peuples autochtones du Congo vivent comme des parias dans leur propre pays où ils continuent d’être victimes de travail forcé, d’exploitation, d’humiliation, d’arrestations arbitraires, pour ne citer que ces exemples.
Ainsi, cet appel de la rapporteuse spéciale des Nations Unies, qui n’est pas le premier du genre, sonne comme un SOS à l’endroit du gouvernement du Président Denis Sassou Nguesso, invité à faire bouger les lignes.