Pour beaucoup au Congo, la municipalisation accélérée est synonyme d’infrastructures. Cette politique a permis, année après année, depuis son lancement en 2004, de doter le pays – entre autres – en routes, ponts, ports et aéroports, dont celui-ci a indispensablement besoin pour relier entre eux ses douze départements et intensifier le rythme de leur croissance économique respective. Toutefois, dans un avenir proche, « municipalisation accélérée » pourrait bien rimer avec « industrialisation ».
L’économie congolaise demeure encore très dépendante de la rente pétrolière, qui représentait en 2014 près de 65 % de son PIB et plus de 80 % de ses revenus. Beaucoup trop aux yeux du Président Denis Sassou N’Guesso et du ministre Isidore Mvouba, l’un des poids lourds du Gouvernement. Les deux hommes n’ont pourtant pas attendu la chute du prix du baril pour initier un mouvement de diversification de la structure économique du pays et l’orienter vers plus d’industrie. « Le secteur secondaire représente aujourd’hui 7 % de notre PIB », constate Isidore Mvouba. « Ce ratio doit être porté à 15, voire 20 % ».
Agir pour industrialiser le Congo
Ces derniers temps, une série de mesures volontaristes ont été mises en œuvre pour y parvenir. Loin d’impacter la seule industrie, c’est toute l’économie congolaise qui en bénéficie. Ces mesures, en effet, sont destinées à la fois à améliorer le climat des affaires (le Congo se fixe pour objectif d’intégrer dans les meilleurs délais le top 100 du classement « Doing Business »), à attirer les investissements (une Agence de Promotion des Investissements du Congo – APIC – a été créée à cette fin) et à inciter à la création d’entreprises (en faisant en sorte qu’une semaine, et non plus un mois, soit désormais nécessaire pour créer sa société).
Mais au Congo, l’industrie, qui va de pair avec la politique de municipalisation accélérée, demeure une priorité « quasi-obsessionnelle », selon les mots d’un économiste, fin connaisseur du pays. Les exemples témoignant de cet « essor industriel » congolais, rares il y a quelques années, commencent à abonder. C’est le cas, entre autres, de la Fonderie du Congo (Fondeco), située à Louvakou dans le département du Niari, sur un site qui fut la propriété de la Ferco (Fers Congolais).
Essor industriel
Le projet, initié en 1981, a été stoppé en 1986. 27 ans après, il reprend vie pour répondre à la volonté du Gouvernement d’améliorer le cadre de vie et l’habitat des Congolais, deuxième axe stratégique de « la lettre de politique d’industrialisation » prescrite par le chef de l’Etat. Son impact en termes d’emploi est particulièrement important. Dans la première phase du projet, 700 à 800 emplois directs et 2000 emplois indirects seront créés. Durant la deuxième phase, le nombre des emplois directs sera porté à 3.000. Des chiffres significatifs à l’échelle du pays.
Autre « produit » phare de la politique de diversification initiée par les autorités congolaises : le ciment. Au Congo, le secteur connaît, un véritable boom. À Makola, à 45 kilomètres de Pointe-Noire, une cimenterie de dernière génération, construite suivant les standards internationaux les plus exigeants et dont la capacité de production annuelle sera de 500.000 tonnes, est en train de voir le jour.
Propriété du groupe Cimaf, sa première pierre a été posée par le président de la République en personne, le 23 mai 2014. Les travaux, qui ont démarré dans la foulée, s’étaleront sur 18 mois. Près de 1.000 personnes travaillent déjà sur le site. « D’ici novembre ou au plus tard décembre, les premiers sacs de ciment seront mis sur le marché », a indiqué le ministre d’État Mvouba à l’occasion d’une visite fin juillet.
Les cimenteries en pleine croissance
Bien d’autres cimenteries ont vu ou verront le jour sous peu au Congo. C’est le cas notamment de celle construite par Aliko Dangote à Mfila dans le département de la Bouenza. Une fois entrée en production, l’unité industrielle du milliardaire nigérian devrait produire 1,5 million de tonnes de ciment par an, avec à la clé pas moins de 650 emplois. Dans ce secteur, « le Congo vise l’autosuffisance d’ici à deux ans », promet Isidore Mvouba. Mais à ce rythme, le pays deviendra rapidement producteur-exportateur pour le compte de ses voisins dans la sous-région. Une véritable révolution.
« Il faut maintenir le cap », rappelle constamment le ministre Mvouba. À n’en pas douter, en matière d’industrialisation, le Congo est sur la bonne voie.