François Médéric Betho a réalisé un exploit. En 2006, ce Congolais de 35 ans est devenu le premier arbitre international de tennis de table d’Afrique Centrale. Cette responsabilité ne lui permet pas de vivre mais, dit-il, lui offre un certain prestige à l’étranger. François Médéric Betho, également juge arbitre au Congo et cadre de la Fédération congolaise de tennis de table, raconte son parcours.
De notre envoyée spéciale à Brazzaville
« International umpire » n°06706. C’est le matricule de François Médéric Betho, devenu en 2006 arbitre international de tennis de table. Une grande fierté pour ce Congolais de 35 ans, qui est ainsi rentré dans l’histoire en devenant le premier international umpire d’Afrique Centrale. Egalement juge arbitre au Congo et membre du conseil et de la commission technique de la Fédération congolaise de tennis de table, François Médéric Betho revient sur ses débuts et son évolution dans le milieu du ping-pong.
Afrik.com : Pourquoi avez-vous choisi de devenir arbitre ?
François Médéric Betho : Adolescent, je faisais beaucoup de football, de basket et de tennis de table. A l’époque, le tennis de table n’était pas très vulgarisé mais mon école était l’une des rares à avoir une table. C’est comme ça que j’ai découvert ce sport. Au fil des années, j’ai commencé à vraiment bien jouer. Mais, comme il n’y avait pas de matériel adéquat, j’ai très vite compris que je ne pourrais pas devenir un grand joueur. Alors, sur les conseils du président de la fédération, qui était déjà Henri Djombo, j’ai pensé à me tourner vers une carrière d’arbitre.
Afrik.com : Comment êtes-vous devenu arbitre international ?
François Médéric Betho : En 1996, lors d’une formation de l’association des fédérations de tennis de table d’Afrique Centrale, nous avons arbitré les matchs d’une compétition qui se déroulait à Brazzaville. J’ai été le meilleur et j’ai aussitôt été détecté par M. Mwanambuta, le président de l’association. Ensuite, j’ai passé des tests et j’ai arbitré au niveau des clubs, puis de la région. Plus tard, nous avons eu un séminaire à Maurice où des experts des Fédérations française et internationale de tennis de table m’ont délivré un certificat faisant de moi un arbitre national. Enfin, en 2006, lors d’une formation en Algérie, un expert français nous a fait passer les tests que passent les arbitres internationaux… et j’ai été admis !
Afrik.com : Avez-vous arbitré de grandes rencontres depuis ?
François Médéric Betho : J’ai notamment été invité aux Jeux Africains en 2007 et aux Championnats du monde juniors de Palo Alto, près de San Francisco (Etat de Californie). Et je viens d’être invité à l’US Open aux Etats-Unis, du 2 au 5 juillet.
Afrik.com : Vous êtes également juge arbitre au Congo. En quoi consiste ce poste ?
François Médéric Betho : En fait, je suis le président des arbitres. Je repère les jeunes qui ont du potentiel pour devenir arbitre et je les forme. On a fait venir en mai une arbitre internationale togolaise, un autre égyptien et un expert français pour faire passer les tests qu’il faut pour devenir arbitre international. C’était en mai et on attend les résultats. Il se peut que quand ils arriveront je ne sois plus le seul arbitre international d’Afrique Centrale !
Afrik.com : Ces activités vous permettent-elles de gagner votre vie ?
François Médéric Betho : Non ! On ne peut pas vivre du sport au Congo, c’est impossible ! Ces fonctions permettent de bénéficier d’opportunités de voyage, mais c’est tout. Par exemple, lorsque je suis allé à Palo Alto j’ai reçu 25 dollars par jour, donc tout juste de quoi couvrir les frais que nous avions sur place. Alors, pour joindre les deux bouts, je travaille comme comptable.
Afrik.com : Comment arrivez-vous à gérer vos nombreuses activités liées au tennis de table et votre travail de comptable ?
François Médéric Betho : Dans mon contrat, il est mentionné qu’on me libère facilement si j’ai un voyage à faire. En général, il y en a deux ou trois par an, qui ne durent jamais très longtemps. Alors je prends ces jours sur mes vacances.
Afrik.com : Etes-vous connu au Congo ?
François Médéric Betho : Je suis très mal connu ici mais, sur le plan international, je reçois des messages du monde entier. Lorsque j’ai été admis comme arbitre international, mes amis à l’étranger ont beaucoup réagi parce que c’était un grand événement, une première. En fait, C’est quand je sors du pays que je suis un VIP et qu’on m’invite dans des hôtels six étoiles !