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2025 marque la sortie d’un disque qui ravive les mémoires d’une époque vibrante et foisonnante pour la scène musicale tanzanienne : Zanzibara 11 : Congo in Dar, Dance No Sweat. Cet album, distribué par Socadisc, met en lumière deux formations majeures ayant façonné le paysage musical nocturne de Dar es Salaam entre 1982 et 1986 : l’Orchestre Maquis du Zaïre et l’Orchestre Safari Sound.
La magie des nuits de Dar es Salaam
Dans les années 1980, Dar es Salaam alors capitale de la Tanzanie, vivait une double vie. Le jour, la première ville tanzanienne portait le poids des politiques d’austérité d’Ujamaa, de la frontière fermée avec le Kenya et des cicatrices de la guerre contre l’Ouganda d’Idi Amin. Mais la nuit venue, la ville se transformait, vibrant au rythme du muziki wa dansi. Ce style musical swahili électrisait les clubs et les bars, portés par plus de 20 groupes professionnels qui se nourrissaient des influences des musiciens venus du Congo-Zaïre voisin.
Les artistes congolais, nouveaux architectes du son tanzanien
L’histoire commence dans les années 1960, quand les premiers musiciens congolais franchissent la frontière, trouvant refuge dans les clubs et hôtels de Dar es Salaam et d’Arusha. Certains ne font que passer, d’autres s’enracinent profondément, comme les futurs membres des Orchestres Maquis et Safari Sound.
Ces formations doivent jongler avec les réalités locales : Maquis, connu pour son style Kamanyola Bila Jasho (« Danser Kamanyola sans transpirer »), se réinvente sous le nom d’OMACO (Orchestre Maquis Company), mêlant musique et agriculture pour s’aligner sur l’esprit socialiste d’Ujamaa.
L’Orchestre Safari Sound (OSS) écrit sa propre histoire sous la direction de Ndala Kasheba et d’autres membres de Safaris Nkoy, avec le soutien de l’entrepreneur Hugo Kisima. Depuis sa base du Safari Resort à Kimara, OSS s’impose comme l’un des rares groupes privés capable de rivaliser avec les ensembles publics, devenant une référence incontournable des nuits de Dar es Salaam.
Un voyage musical dans le temps
Cette onzième édition de Zanzibara fait revivre une époque où la Tanzanie était le creuset musical de l’Afrique de l’Est. Les enregistrements, minutieusement restaurés, sont accompagnés de photos issues des collections de Werner Graebner, nous transportant dans ces nuits des années 1980 où les guitares cristallines se mêlaient aux cuivres chaleureux sur les pistes de danse.
Zanzibara 11 est un hommage vibrant à ces pionniers qui ont su marier les rythmes congolais et tanzaniens, créant une musique qui continue d’enchanter les dancefloors afro-tropicaux à travers le monde. Une pépite indispensable pour les amoureux des musiques africaines et les chasseurs de grooves irrésistibles.