Congo : hommage à Rapha Boundzeki


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Des sapeurs
Des sapeurs

Le 7ème Fespam rend hommage au musicien Rapha Boundzeki, apôtre de la sape congolaise disparu en 2008. Une célébration qui réjouit ses disciples, rassemblés en son nom tous les dimanches au bar la Main Bleue, lieu incontournable de la Société des ambianceurs et des personnes élégantes depuis 25 ans. Reportage.

Dimanche après-midi, quelque part sur la rive du fleuve Congo, quartier Bacongo. L’ambiance monte dans un bar qui s’emplit de tout ce que la capitale compte de plus élégants. Les maîtres du jour sont peut-être Chief Arnold, Saboukoulou, DJ Sarkozy… Mais à la Main Bleue, un seul esprit plane, celui de Rapha Boundzeki, incarnation de la sape comme les Congolais l’entendent : tout un art, qui ne va pas sans la musique. Et Rapha Boundzeki, décédé en 2008, était un musicien chevronné – l’équivalent de Papa Wemba, dit-on – doublé d’un sapeur hors-normes à Brazzaville.

« C’est le musicien qui a donné sa valeur à la sape. Quand il venait ici, tout le monde avait les yeux braqués sur lui. Il ne chantait pas, ses seules prestations étaient les démonstrations de sape ! », explique Soungui Augier, gérant de la Main Bleue. Ce bar reste, depuis 1982, le point de ralliement des sapeurs brazzavillois et fait partie des must-see dans cette ville. « Venir à Brazza sans voir la Main Bleue, c’est comme aller à Paris sans voir la Tour Eiffel », renchérit Soungui Augier. 3 000 mètres carrés d’espace dans lequel les sapeurs se livrent à des joutes vestimentaires, sur fond d’atalakus du DJ, de Ndombolo, de Rumba, de Salsa et depuis peu, de Coupé-Décalé.

De la Sapologie à la Leçon de style

Un rituel de tous les dimanches, qui donne lieu à des défis entre sapeurs locaux et expatriés, quand ces derniers rentrent au pays à la faveur des vacances d’été. Tous s’accordent sur un point : « Il y avait la Sapologie, maintenant c’est la Leçon de style… Désormais tout se joue dans les détails : veste sur mesure, chaussures, matières, couleurs – il faut oser les mélanges », assure l’un d’eux, représentant d’un habilleur basé à Paris.

A la Main Bleue, petits ou gros commerçants, hommes de toutes affaires, militaires, directeurs de sociétés privées ou publiques, jeunes, vieux… se mêlent et s’affrontent jusqu’à pas d’heure dans la démarche, la pose, l’expression du visage, cigares rares à la bouche. Toute une attitude dans laquelle les femmes ne sont pas en reste. Elles ne viennent plus seulement y honorer des rendez-vous galants, elles sont quelques fois meneuses de bandes de sapeurs qui arrivent à la Main Bleue la plupart du temps en taxi-ville. L’instant à ne pas manquer : les quelques mètres à franchir entre la sortie du taxi et le passage du portail d’entrée !

Par Josée Esther Oté

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