Entrepreneur d’origine congolaise basé en France, militant pour un Congo dépouillé de ses tares politiques, Guy Charles Madédé a publié un premier livre, un essai intitulé « Osons la République au Congo », paru aux éditions Libre Afrique. Style fluide, direct, il ne croit pas en l’alternance démocratique au Congo-Brazzaville. D’où la nécessité de poursuivre la politique par d’autres moyens.
D’habitude réservé, Guy Charles Madédé change de ton quand il s’agit de parler de son pays natal, le Congo-Brazzaville. « Osons la République au Congo », son premier livre, en témoigne. Commentaires et analyses, sur la situation politique du Congo, jonchent les pages, avec des références historiques… et philosophiques.
Un constat majeur traverse le livre : l’alternance politique au Congo, aujourd’hui, relève de la fiction. Tout est verrouillé et sujet à risques, jusqu’à la moindre prise de parole. Difficile, pour ne pas dire impossible, pour « une société civile congolaise de s’exprimer et d’être active », sans s’exposer à la violence du pouvoir de Brazzaville.
« L’indice des libertés du Congo est classé à 6. Les indices des dictatures les plus féroces (Corée du Nord, la Syrie, etc), eux, sont classés à 7 », écrit-il dans son livre. A titre comparatif, l’indice du Bénin est classé à 2. « Le pays du défunt Mathieu Kérékou peut donc s’enorgueillir d’être proche des grandes démocraties occidentales. Chez nous au Congo, la réalité est autre; il nous faut autre chose, c’est ce que j’écris dans mon livre », ajoute-t-il.
Redire le commun pour résister
Cet autre chose, c’est la résistance. « Une opposition existe dans la diaspora congolaise. Pour ma part, je ne me dis pas opposant mais résistant. L’opposition suppose de pouvoir renverser la tendance par les urnes, ce qui n’existe pas dans une dictature, comme je l’explique dans « Osons la République au Congo », arme de la chute du tyran », dit-il dans une interview parue en 2016.
L’argument pivot de sa thèse est que le Congolais doit se faire violence, se transcender, face à la violence du pouvoir de Brazzaville. Une violence d’autant plus nécessaire que c’est par la violence que s’opérera la libération. Une violence qui, toutefois, ne peut être la fin elle-même de l’action mais un moyen efficace en regard de la fin visée. Ensuite, la violence individuelle, cette transcendance politique, devra se muer en violence collective pour une vraie « fusion de l’individu dans le collectif de lutte, tourné vers l’objectif unique : la libération nationale ».
Toutes proportions gardées, Frantz Fanon n’écrit-il pas : « La mobilisation des masses, quand elle se réalise à l’occasion de la guerre de libération, introduit dans chaque conscience la notion de cause commune, de destin national, d’histoire collective » ?
Il y a un archipel d’oppositions au Congo, du coup le message est brouillé. Cela profite à Denis Sassou-N’Guesso qui reste toujours au pouvoir. Alors l’une des questions que soulève le livre est celle de savoir la manière d’agir efficacement, ou s’il est possible de se passer d’un principe de totalisation des actions susceptibles d’agir sur le tout et en tant que partie d’un tout.
Le livre insiste donc sur le fait de redire le commun que porte en lui tout Congolais. « Car, contrairement à ce que véhiculent les affidés du pouvoir de Brazzaville, le Congolais n’est pas l’ennemi du Congolais. « Oser la République », c’est redire son sens du commun », conclut-il.
