En visite à Paris lundi, le président congolais, Denis Sassou NGesso, a appelé la France à respecter le principe de non-ingrence dans les affaires intérieures d’un autre pays… La République du Congo est souveraine, ce n’est plus une colonie, la France n’a pas à enquêter sur les « affaires de biens mal acquis ». Une situation qui embarrasse de plus en plus les dirigeants politiques français
« Ce que nous voulons rappeler, c’est que le principe auquel nous avons tous souscrit au plan international est celui de la non-ingérence dans les affaires intérieures ». Une déclaration sans ambages de Denis-Sassou NGuesso formulée lundi dernier à la suite d’un entretien de plus d’une heure à Paris avec son homologue français, François Hollande.
La déclaration fait allusion au dossier épineux des « biens mal acquis » qui secoue bon nombre de pays africains. L’enquête se poursuit contre les chefs d’Etat africains, dont le président congolais, mis en cause dans cette affaire. Mais Denis Sassou NGuesso n’abdique pas. Pour lui, ce n’est pas à la justice française de se mêler de ce dossier. « Même s’il y avait délit établi, détournement ou corruption, je pense que la justice française n’est pas habilitée à traiter des délits qui se produisent au Congo », insiste le président congolais.
La France et ses partenaires africains sur le pied de guerre
La question des biens mal acquis a secoué plusieurs pays africains ces dernières années : Gabon, Guinée Equatoriale, Sénégal ou encore le Congo (Brazaville). Et la liste est longue. Une situation qui embarrasse de plus en plus l’Hexagone qui veut mener des enquêtes et traquer les responsables. Mais la tâche s’annonce ardue.
En septembre 2012, un différend avait opposé la France à la Guinée Equatoriale concernant le même sujet. Malabo avait alors saisi la Cour Internationale de Justice pour violation du droit international. L’avocat de la famille Obiang, Olivier Metzner, avait alors demandé que la France cesse toutes les poursuites et enquêtes engagées contre plusieurs responsables politiques du pays.
En février 2013, ce sont deux villas appartenant à la famille Bongo du Gabon qui ont été perquisitionnées par les policiers de l’Office centrale de répression de la Grande délinquance financière à Nice, sur la côte d’Azur. La famille Bongo déclare, par le truchement de son avocat, n’avoir jamais fait la moindre acquisition en France.
Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac sur la sellette
La France s’indigne, mais se montre impuissante. L’hexagone est dos au mur. Elle est elle-même régulièrement secouée par des scandales de financements illicites. L’homme d’affaires franco-libanais, Ziad Takieddine, a accusé Nicolas Sarkozy d’avoir reçu des fonds du régime de Mouammar Kadhafi pour financer sa campagne de 2007. L’homme d’affaires mentionne une somme de plus de 50 millions d’euros. Un montant déjà évoqué par Saïf-al-Islam, fils du défunt Mouammar Kadhafi. Nicolas Sarkozy nie catégoriquement et parle de diffamation.
En 2009, alors qu’il s’exprimait sur le décès d’Omar Bongo, Valéry Giscard-d’estaing, ancien président de la République de France, fait alors une déclaration que ne laissa personne indifférent. « Normalement on n’accepterait pas les versements de fonds provenant de pays étrangers qui soutenaient les candidats en France et j’ai appris que Bongo soutenait financièrement Jacques Chirac », a déclaré Valéry-Giscard d’Estaing.