L’agence de presse Reuters a rendu public hier le contenu d’une lettre signée le 5 mars dernier par les leaders de sept partis membres de la coalition au pouvoir en République Démocratique du Congo, dans laquelle ils font part de leur préoccupation quant à la possibilité de voir le Président Joseph Kabila, s’accrocher au pouvoir au-delà de 2016. Ce sont ses propres soutiens qui poussent l’actuel chef de l’Etat vers la sortie…
« À ce stade, la Majorité Présidentielle est incapable de proposer une offre viable au peuple congolais », écrivent-ils, ajoutant que les « vagues efforts entrepris pour modifier la Constitution », en sus de la tentative de modifier la loi électorale en janvier dernier, n’ont fait qu’attiser la fureur populaire. « Cela confirme la division entre la majorité au pouvoir et une majorité de la société congolaise ».
Cette lettre, signée par plusieurs partis importants de la Majorité présidentielle (mais pas par le PPRD), représentant plus d’une centaine de parlementaires, révèle les lignes de fracture de plus en plus grandes au sein du pouvoir congolais. Un pouvoir que beaucoup d’observateurs jugent de plus en plus fébrile. Du coup, les spéculations vont bon train à Kinshasa, une capitale qui bruisse de rumeurs sur le futur « dauphin » du Président Kabila.
« Maintenant que le chef de l’Etat, à moins d’un arrangement politique de dernière minute, ne va pas briguer un troisième mandat, la Majorité présidentielle se voit dans l’obligation de présenter un autre candidat. Alors … qui portera les couleurs de la famille politique du chef de l’Etat lors de la présidentielle de 2016? « , s’interroge le site d’informations 7sur7.cd. Avant d’ajouter que « Kabila va choisir entre Matata et Minaku », respectivement Premier ministre et Président de l’Assemblée nationale. Deux choix pourtant loin de faire l’unanimité dans les rangs de la Majorité Présidentielle. Le premier est jugé trop technocrate, terne et effacé ; le second trop « faucon » et pas assez consensuel.
Le Joker Katumbi ?
Beaucoup dès lors verraient en Moïse Katumbi le sauveur d’une majorité présidentielle aux abois. Le très populaire gouverneur du Katanga, dont chaque apparition crée l’événement, a annoncé la semaine dernière qu’il quitterait ses fonctions, suite à la promulgation de la loi sur le découpage provincial, sans cependant mettre un terme à sa carrière politique, entretenant ainsi le suspense sur son éventuelle candidature à la présidentielle en 2016.
Mais le divorce entre Moïse Katumbi et Joseph Kabila semble consommé. Lors de leur dernière entrevue à Kinshasa le 27 février dernier, le Gouverneur du Katanga se serait montré inflexible sur le respect de la Constitution. Pas vraiment du goût du Président Kabila…
Dans le même temps, la côte du Gouverneur augmente de plus en plus au sein de l’opposition. Au Mouvement de libération du Congo (MLC), le parti de Jean-Pierre Bemba, certains ne verraient pas d’un mauvais œil sa candidature à la magistrature suprême. À l’UNC, les choses semblent encore plus claires. Dans un twitt dimanche dernier, Vital Kamerhe, le leader de l’UNC, disait voir dans la loi sur le redécoupage des provinces une tentative « de retarder les élections et de s’attaquer à (Moïse) Katumbi ».
