La vie politique congolaise tournait depuis trop longtemps autour de l’obsédante question de l’évolution des institutions et en particulier de la Constitution qui les organise. Denis Sassou N’Guesso vient de tirer les conséquences des discussions et consultations multiples qui se sont succédées depuis de longs mois en annnonçant dans une allocution prononcée à Brazzaville mardi 22 septembre 2015 à 20h, l’organisation prochaine d’un référendum sur un nouveau texte constitutionnel.
Après avoir rappelé les grandes lignes des consultations et débats qui ont eu lieu au cours des derniers mois, Denis Sassou N’Guesso annonce clairement la voie logique qu’il propose aux Congolais d’emprunter : « Congolaises, Congolais, mes chers compatriotes, allons donc aux urnes, de?cider nous-me?mes de notre avenir! C’est l’authentique exigence de la de?mocratie que nous avons voulue et instaure?e dans notre pays au de?but des anne?es 1990. »
Il y a des accents Gaulliens dans cette déclaration de cinq pages, d’une grande clarté, et qui pose les enjeux (la préservation de la paix civile, l’exercice de la souveraineté, l’expression démocratique du peuple) en ouvrant le chantier d’une « nouvelle forme d’organisation et des nouvelles règles de fonctionnement de l’Etat« .
Ce n’est un secret pour personne que la Constitution congolaise, née de la crise, née de la nécessité de recomposer l’unité de la Nation après la dernière guerre civile, née du besoin d’un pouvoir présidentiel fort et concentré, n’est plus aujourd’hui adaptée, ainsi que l’indique le Président Denis Sassou N’Guesso en ouverture de son discours : « Une tre?s large majorite? a soutenu devant moi qu’il y a ne?cessite? et urgence a? faire e?voluer les institutions de la Re?publique aux fins de les adapter au nouveau contexte socio-e?conomique de notre pays. Selon les de?fenseurs de cette opinion, la poursuite harmonieuse du de?veloppement du Congo en de?pend. »
Le Congo a changé. L’époque a changé. Les attentes populaires ont changé. Il est aujourd’hui utile de se poser la question d’une évolution constitutionnelle apte à faciliter le jeu démocratique, à permettre un rôle accru du Parlement, et d’un Premier Ministre dont l’existence serait prévue dans le texte constitutionnel, par exemple, afin de permettre aussi les cohabitations et les alternances apaisées que connaissent toutes les grandes démocraties du monde. Tout cela réclame des adaptations au texte fondamental actuel.
Au lendemain des Jeux Africains de Kintélé qui ont permis au Congo de faire la preuve de son unité et de son développement à marche forcée, le moment est bien choisi pour Denis Sassou N’Guesso pour engager ce calendrier visant à une évolution apaisée des structures politiques congolaises.
En rendant l’initiative des changements qui vont lui être proposés au seul décideur en la matière : le peuple congolais, qui pourra s’exprimer par les urnes, bien plus efficacement que par la rue, comme l’ont encore prouvé ces derniers jours les événements violents qui ont endeuillé et meurtri le Burkina Faso. Comme le dit Denis Sassou N’Guesso dans cette allocution dont chaque mot est pesé, « L’aventure et le de?sordre ne rele?vent pas de la de?mocratie. Ils n’ont aucune place dans la Re?publique… »
« Les Congolais ont besoin de jouir pleinement de leur droit a? la liberte? et a? la souverainete?, pour fac?onner, a? leur manie?re, leur destin : en dehors de tout diktat ; loin des e?gos suicidaires, des ambitions personnelles et des pre?tentions partisanes. » Et l’engagement pris par Denis Sassou N’Guesso l’implique lui-même, puisqu’il se porte fort que, « dans la transparence requise, seule la volonte? du peuple soit faite« .