Congo : Cafouillage sur le Bac


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La session 2015 du Baccalauréat restera dans les mémoires comme celle d’un cafouillage préjudiciable aux lycéens congolais. Avec l’utilisation des réseaux sociaux pour divulguer les sujets des examens, la multiplication des fraudes risquait de dévaluer fortement cette session et de porter atteinte à la crédibilité des diplômes qui en découleraient. Résultat : une nouvelle session est programmée.

C’est un effet paradoxal et inattendu de l’explosion des nouvelles technologies et de leur usage de plus en plus largement partagé dans la jeunesse congolaise : par suite de quelques fuites, les sujets du Bac 2015 ont été largement divulgués sur les réseaux sociaux et ont circulé sur les téléphones portables de nombreux lycéens avant même que les épreuves se tiennent cette semaine.

Une situation inacceptable, et profondément injuste, car elle récompensait la fraude et non l’assiduité, la tromperie et non le travail accompli. Or le Bac constitue le sésame qui commande l’entrée à l’Université. Le fait qu’il ne soit plus obtenu au mérite, mais puisse être le fruit d’une tromperie en rendrait la délivrance sujette à caution.

Ne pas dévaluer le BAC congolais

Il faut souligner, avec l’UNICEF, et l’ensemble des institutions de l’ONU, que la République du Congo est l’un des pays africains qui bénéficie du plus fort taux de scolarisation (près de 90%) alors que son voisin immédiat, la République Démocratique du Congo, dépasse à peine les 50%. L’importance donnée à l’éducation au Congo est un des fondements de la politique engagée depuis plusieurs décennies. Il n’est logiquement pas possible dans ces conditions, de brader la qualité de l’enseignement, et sa réputation, au bénéfice de quelques centaines de fraudeurs.

C’est ainsi que vendredi 5 juin 2015, au dernier jour des examens, le Ministre de l’Education primaire et secondaire, M. Hellot Matson Mampuya, a informé les lycéens congolais par un bref communiqué qu’ils auraient à repasser prochainement les épreuves, dans des conditions qui assureraient cette fois une parfaite équité entre les candidats.

Vives protestations des lycéens

Problème : la nouvelle a soulevé de vives réactions dans la population lycéenne, qui croyait les vacances arrivées, et qui se voit devant la nécessité de repasser les épreuves tant redoutées. A Ouenze, dans le nord de Brazzaville, des candidats ont ainsi brisé les portes et les fenêtres de l’établissement qui les accueillait, avant de caillasser des voitures. A Bacongo, au sud de Brazzaville, d’autres lycéens dépités ont érigé des barricades et brûlé des pneus, avant d’être dispersés par des bombes lacrymogènes.

Le ministère de l’Enseignement primaire et secondaire a également été visé par des pierres lancées par des jeunes manifestants et un de ses portails a été en partie défoncé, selon des observateurs.

A Pointe Noire, sur la rive atlantique du Congo, des saccages similaires ont été observés, de même qu’à Dolisie ou à Impfondo, dans la région nord.

Il faut dire que la méthode de communication choisie par le Ministre avait été plutôt brutale, puisque les élèves avaient été informés par un communiqué laconique de l’annulation de l’examen avec lequel ils croyaient en avoir terminé le jour même…

Une gangrène qui touche tous les continents…

Le problème de la divulgation anticipée des sujets du Baccalauréat grâce à l’utilisation des nouvelles technologies de communication est aujourd’hui un problème planétaire : l’Inde a fait face à des fraudes massives cette année, où ont été arrêtées et mises en détention pour cela plus d’un millier de personnes. Au Liban, en 2014, des expertises sur les copies du Bac, ont conduit les autorités à annuler plusieurs épreuves de l’année scolaire 2012-2013, faisant perdre à de nombreux étudiants le bénéfice de leur baccalauréat et fragilisant la suite de leurs études. En France également, depuis 2011 où des épreuves de mathématiques du Bac S avaient été incriminées, plusieurs affaires similaires ont obligé depuis deux ans les autorités académiques à annuler des épreuves et à les réorganiser afin d’en assurer l’équité.

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