Congo-Brazzaville : le versement de 48 millions de dollars par le FMI reporté


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Le Président Denis Sassou Nguesso
Le Président du Congo, Denis Sassou N'Guesso

Croulant sous le poids de la dette, le pays de Denis Sassou N’Guesso a dû mener d’âpres négociations avec le FMI pour obtenir un soutien financier. Signé en juillet dernier, l’accord entre le Congo et le FMI était assorti de plusieurs conditions que le pays peine à respecter. Conséquence, la mise à disposition du premier versement est reportée au grand malheur du Congo qui se trouve dans une situation économique et financière très critique.

Le Congo attendait, pour janvier 2020, le versement d’une première tranche de 48 millions de dollars par le FMI, conformément à un accord conclu avec l’institution, le 11 juillet dernier, et qui portait sur la mise à disposition d’un montant global de 448,6 millions étalés sur trois ans. Mais, coup de théâtre, le Congo n’est même pas inscrit à l’ordre du jour du Conseil d’administration de l’institution prévu pour la semaine prochaine. En effet, après une mission effectuée dans le pays, en novembre, le FMI avait déjà demandé aux autorités congolaises de tout mettre en œuvre pour respecter strictement les clauses prévues par l’accord, en particulier : achever la restructuration de la dette commerciale extérieure du pays dont le montant total reste inconnu, mener les réformes attendues en matière de lutte contre la corruption, le tout avant la fin de cette année. Choses qui n’ont visiblement pas été faites, puisque l’institution a décidé de donner jusqu’à la fin du premier trimestre 2020 au Congo pour se mettre à jour.

Côté congolais, on tente de minimiser ce report qui sera pourtant lourd de conséquences pour ce pays en manque de liquidité. « Ce n’est pas aujourd’hui du point de vue du gouvernement une sorte de coup d’arrêt par rapport à des engagements qui ont été pris, il s’agit d’un léger décalage dans le calendrier, mais qui ne remet pas en cause la vision qui est celle du Congo de s’assurer effectivement qu’il va s’inscrire dans le programme qui a été négocié été adopté avec le FMI », a confié le porte-parole du gouvernement congolais, Thierry Moungalla, à RFI.

Cet accord, signé au terme de difficiles négociations ayant duré deux ans, doit permettre au Congo de retrouver un peu d’oxygène côté finances. En effet, le pays ployait sous le poids d’une dette colossale qui a atteint, en 2017, 120% de son PIB, soit presque deux fois le taux autorisé au sein de la zone CEMAC. Aujourd’hui, la dette est estimée à 5 580 milliards de francs CFA, soit 117% du PIB, malgré l’effacement de 80% de ce que le pays devait en 2010. Cette énorme dette a été contractée sur la base de contrats passés avec Pékin pour la réalisation de grands travaux, en échange d’une partie des revenus pétroliers et qui porteraient sur des sommes colossales longtemps gardées secrètement.

Des contrats similaires ont aussi été signés entre la société nationale de pétrole et de grands traders en pétrole comme Glencore et Trafigura, qui ont prêté de fortes sommes, estimées à des centaines de millions de dollars, à l’Etat congolais qui, en retour, devrait leur livrer du pétrole. Toutes ces transactions ont été gardées comme un secret d’Etat jusqu’à ce que tout se sache finalement en juin dernier. « Je suis triste d’avoir appris que le Congo était un mauvais élève : il avait caché sa dette », avait déclaré l’économiste Clément Miérassa, ancien ministre devenu opposant au régime de Brazzaville, avant de poursuivre « les acteurs politiques congolais doivent prendre conscience de ce que, par notre mauvaise gouvernance, les Congolais souffrent. Il faut que cette souffrance s’arrête et qu’on mette le Congo sur de bons rails ».

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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